Dour Festival 2019
Dour, le 11 juillet 2019
Prix Jean-Marie Bigard du moment le plus lourd du festival : le samedi dans la Salle Polyvalente
Celui-là, on pensait qu'il serait attribué aux trois ordures qui ont eu la mauvaise idée de vouloir tremper leur biscuit sans demander leur avis à des filles qui étaient venues passer un bon moment à Dour et qui, au-delà des lourdes conséquences de leurs actes, ont un peu plus terni la réputation parfois sordide du festival. Non, le moment le plus lourd de ce weekend, c'était samedi dans la Salle Polyvalente.
C'était sur cette scène de taille plus que correcte que se déroulait une journée principalement axée sur le métal d'avant-garde. Une appellation un poil fancy qui rassemblait un line-up plutôt cohérent composé de jeunes pousses qui valent le détour, mais aussi de formations plus aguerries au tabassage auditif. Notons ainsi les belles performances de Birds In Row et Wiegedood (le groupe flamand ayant pourtant été desservi par un mix crapuleux), mais surtout le set complètement perché de Full Of Hell & The Body, la superbe démonstration de force de YOB et surtout celle de Neurosis, tout simplement ahurissante de maitrise et d'intensité.
À l'inverse de l'année dernière où les rares groupes catalogués heavy se sont retrouvés saupoudrés dans la programmation provoquant le même effet auprès de l'audience, Dour a appris de ses erreurs et a cette fois remis le metal à l'honneur. Si le pari, risqué mais pas trop quand même, s'est révélé être une franche réussite, c'est probablement parce qu'au-delà de sets plus que qualitatifs voire carrément grandioses des groupes programmés, la communauté metal, généralement fidèle, a aussi joué le jeu et s'est déplacée en nombre.
Cette journée du samedi dans la Salle Polyvalente a bien prouvé que le metal avait encore sa place à Dour et qu'en concentrer certains de ses référents les plus excitants sur une journée chargée en riffs était probablement la meilleure des choses à faire pour lui permettre d'exister parmi les autres genres parfois sur-représentés.
© Massive Productions
WTF de cristal : Parov Stelar
Franchement, vous pensez vraiment qu’on a été assez débiles pour aller perdre une heure de notre vie devant ces quilles de Parov Stelar ? D’ailleurs on imagine sans trop de mal l’argument massue que nous auraient renvoyé à la gueule les programmateurs Alex Stevens et Mathieu Fonsny s’ils nous avaient croisé sur la Last Arena pendant le concert du groupe emblématique de la scène electro-swing (bbbbrrr) : « Les gars, arrêtez de faire vos pisse-froid. Le Dour Festival, ce sont 8 scènes au total, et pendant que vous leur chiez dans les bottes, vous ratez tellement de bons trucs ». Pas faux, puisqu’à la place des Autrichiens, on pouvait aller voir Skee Mask, Bicep ou les Flamands qui vendaient des wraps de tofu – meilleur tuyau foodie du festoche by the way. Pour en revenir à Parov Stelar, ce seul nom pose pas mal de questions sur ce que veut être le Dour Festival, à partir du moment où ce choix de programmation s’accompagne d’une communication plaçant l’artiste au même niveau de visibilité qu'Orelsan, Disclosure ou Roméo Elvis. Autrement dit : dans sa configuration actuelle et vu les valeurs qu’il prône à longueur d’année, le Dour Festival a-t-il vraiment besoin de se payer Parov Stelar si c’est pour satisfaire les quelques pseudo people qui traînent dans son espace VIP et les « gens importants » de la région qui viennent boire un gin to’ au son d'artistes dont ils n’ont probablement jamais entendu parler. D’ailleurs, on imagine d’ici leurs statuts Facebook du lendemain façon « Quelle piqûre d’énergie positive, quelle explosion de couleurs que ce concert de Pablo Stellaire. De belles personnes. Autre chose que la prose misogyne et sexiste de cet énergumène de Damso qui les précédait sur la même scène. » Évidemment, vu la prolifération des festivals et leur expansion permanente, on imagine bien que la course à la tête d’affiche relève davantage du parcours du combattant que de la promenade de santé, mais à l’exception de David Jeanmotte ou Carlo Di Antonio, on a tous trouvé au débotté une dizaine d’artistes en Europe ce weekend-là qui auraient davantage eu leur place sur cette Last Arena que Parov Stelar.