QLF : Que la francophonie. L'observatoire du rap en français #17

par Tariq, le 17 septembre 2018
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A intervalles réguliers, GMD vous sert le meilleur du rap (en) français. Le pire aussi parfois. 10 titres, 10 courts textes pour résumer le bail.

Sameer Ahmad - South Side

Quand Sameer Ahmad laisse son timbre doux-amer se balader sur cette production rêveuse, les dalles s'allument et les étoiles s'alignent. "South Side", c'est un hommage au dirty south à l'autotune léger, pour mieux rappeler que si le MC rêve que Montpellier soit le nouvel Atlanta, on ne sait toujours pas si il est Big Boi, André 3000, ou la fusion parfaite de la technique du premier et de l'extravagance du second.

Youssoupha - Polaroïd Experience

Autant vous prévenir: le nouvel album de Youssoupha va cartonner, et va finir avec une Victoire de la musique sur les bras. En tout cas si il est à l'image de ce premier extrait et (surtout) du clip qui l'accompagne, soyons clairs: ce sera on ne peut plus mérité.

A2H - Blues 

A2H passe en mode "Woodstock starter pack" : vocalises désabusées, guitare électrique et mèches décolorées. Avec L'amour, son prochain album, le boug de Melun va peut-être enfin accomplir sa mission sur terre: sortir le grand disque de rock hippie qu'on attend de lui depuis si longtemps.

Sadek - Tentacion

Si le film Tour de France n'a pas laissé une trace impérissable dans l'histoire du cinéma français, il semble cependant que sa rencontre avec Gérard Depardieu ait fourni à Sadek le petit surplus de personnalité qui a toujours manqué à sa musique. Depuis la sortie du long-métrage en 2016, le Dionysien parvient à incarner une sorte de pendant rapologique à notre Gégé national: opulent, dégoulinant mais presque toujours fascinant. Bref, comme avec le gars sûr à Poutine, on attend Johnny de Janeiro, le prochain album de Sadek, en redoutant le navet, mais en étant quand même sûr de passer un bon moment grâce à l'interprétation tout en 50 nuances de grotesque de son premier rôle.

Russ Lechauve - Les Yeux Rouges

Preuve que la Belgique est parfois capable de proposer autre chose que du rap pour ados de 15 ans défoncés en festival, Russ Lechauve revient avec un banger à jouer bien fort en soirée satanique. Qu'on ouvre une cagnotte Leetchi pour fournir sa ration journalière de poudre à ce type, ce sera toujours plus utile que de cotiser pour la platine dont a toujours rêvé le mec à Sandra, ou pour le voyage au Costa Rica de Ben et Carole. T'façon, t'as jamais pu les piffer ces deux là.

Jorrdee - Dashiki (feat. Gorgeous)

Jorrdee emmerde toujours la postérité, et c'est pas plus mal. Avec ses airhorn distordues et ses basses agressives, "Dashiki" voit le Lyonnais verser dans le grime le temps d'un titre, mais continuer de faire rimer "porte" avec "porte" en articulant de manière hasardeuse. Par contre on espère sérieusement que son entourage lui dira de calmer le jeu sur le dirty sprite, car les bourrelets sont réels et on commence à avoir franchement peur pour sa santé.

GROS MO - OLA

La connexion En'zoo X Gros Mo fonctionne toujours à plein régime sur "OLA", banger brumeux et expérimental, tout en filtres et en cowbells, qui renvoie au meilleur de la discographie de Wiz Khalifa. Perpignanication.

Lacraps X Nizi - FR UK CONNECTION

Lacraps continue de faire vivre son boom bap 2.0 sous les radars de ce rap-jeu zumbaifié : ici, le Montpelliérain croise le fer avec de solides rimeurs anglais, pourtant nous voilà transportés tout droit dans le Queens du début des années 2000.

Lord Gasmique feat. Roméo Elvis - Flex

Dès l'entame de son couplet, Lord Gasmique se définit comme "le mec sur scène ou celui qui mène les pogos". Et c'est exactement l'un des gros problèmes du rap en 2018: être devenu un truc qui ne peut pas se vivre autrement que dans le turn up. Mais c'est vrai qu'il faut écouter les deux Bruxellois rapper sur cette prod' délicieusement chill de Phasm pour comprendre qu'ils n'ont qu'une envie: jouer ce titre sur scène, et sucer toute l'énergie des kids qui s'enjaillent dans la fosse.

Flynt feat. JeanJass - Ca va bien s'passer

Difficile de nier que sur La fête est finie, Orelsan est passé à autre chose. Mais si le rappeur qu'il était sur Le chant des sirènes vous manque, le prochain album de Flynt pourrait bien comber ce vide. Flanqué d'un JeanJass qui, une fois n'est pas coutume, n'est pas obligé d'amuser la galerie pour exister, le rappeur du 18ème éclaire davantage sa vie que sa ville sur "Ça va bien s'passer". Un titre prémonitoire, on n'en doute pas une seule seconde.