The Elements of Light

Pantha du Prince and The Bell Laboratory

Rough Trade – 2013
par Bastien, le 24 janvier 2013
5

Les cloches et Pantha du Prince, c'est une longue histoire d'amour. En effet, c'est le Black Noise, véritable tableau impressionniste truffé de ces magnifiques cloches, qui a permis au producteur teuton d'accéder à la consécration. Depuis cet album, plus rien ou presque. C'est peu dire qu'on attendait Hendrik Weber au tournant. Cette fois, son amour pour les cloches l'a amené à s'associer à un collectif norvégien du nom de The Bell Laboratory, très porté sur tout ce qui fait ding-dong. Cet amour commun pour ce qui tinte donne Elements of Light, album qui privilégie (malheureusement) les tintements aux frissons deep house. Si bien que ce nouvel opus ressemble davantage à l'arrivée des cloches au Vatican un jour de Pâques qu'à un album de deep house. Et aux clochettes savamment dosées de Black Noise se sont substitués des torrents de cloches qui finissent par taper sévèrement sur les nerfs. L'autre problème récurrent d'Elements of Light, c'est cette fausse prise de risque qui consiste à vouloir s'approcher d'une musique expérimentale tout en prenant soin de ne pas aller trop loin dans les farfouillements.

L'album s'ouvre ainsi sur  "Wave", morceau minimaliste qui pourrait nous rappeler du Steve Reich, sans la queue d'un kick de house, donc. Mais une ouverture assez plaisante, il faut bien l'avouer. Mais c'est sur "Particle" que s'amorce l'arrivée tant attendue de Pantha du Prince: 12 minutes durant lesquelles l'Allemand nous étale tout son savoir-faire en termes de composition. Mais on sent vite que Pantha du Prince est prisonnier de l'usage outrancier de ces cloches. Les deux morceaux suivants, "Photon" et "Spectral Split", usent du même schéma. Les mélodies sont certes belles mais les cloches deviennent véritablement abrutissantes et pire encore, ne sont pas toujours utilisées au bon moment. Pour le dire platement, on s'emmerde. Et on est surtout bien loin de l’émerveillement perpétuel que procurait Black Noise. L'album se clôt sur "Quantum" qui, comme le morceau d'ouverture, est une plage plus expérimentale et de ce fait nettement plus réussie car elle permet à Weber de garder un cap clair et précis.

Loin de nous sortir quelque-chose d'abject, Pantha du Prince nous sert un album rempli de jolies mélodies mais qui frisent trop souvent avec le « jingle bells » pour que l'essai soit transformé. Mais cela semble tout de même être une loi générale: les musiques électroniques se prêtent finalement peu à un mélange avec orchestre. Jeff Mills nous en avait donné la triste illustration l'an passé avec l'Orchestre national d'Ile de France, et Pantha du Prince vient apporter de l'eau à notre moulin. Dommage pour lui.

Le goût des autres :