New English

Desiigner

G.O.O.D. Music – 2016
par Ruben, le 29 juin 2016
5

Est-il encore nécessaire de présenter Desiigner ? À moins d'être totalement allergique au hip-hop US, il est peu probable que le "Panda" du petit protégé de Kanye West ne soit pas passé par vos oreilles au moins une fois au cours de ces derniers mois - et si vous êtes tout de même un poil à la ramasse, on vous renvoie vers notre article à son sujet. Gestionnaire exemplaire du buzz créé suite à son apparition sur The Life Of Pablo, le jeune rappeur de Brooklyn est parvenu, à la surprise générale, à propulser son "Panda" au sommet du Billboard US en avril dernier. Et même si certains lui reprochent de vulgairement copier le flow et le style de Future, l'exploit lui a quand même valu d'être repris dans la liste prestigieuse des XXL Freshmen de l'année 2016, aux côtés d'autres gens que l'on aime beaucoup ici, comme G Herbo, Lil Yachty, Denzel Curry ou Anderson .Paak. Et cela sans avoir sorti le moindre projet.

Il était donc grand temps que cela change et la première mixtape de Desiigner intitulée New English a été rendue disponible sur Tidal cette semaine. Que vaut ce premier pilier d'une discographie qu'on espère aussi riche et variée que celle de son mentor ? Honnêtement, les premières pistes sont totalement brouillonnes et peu inspirées. À l’image du refrain de « Make It Out », le MC ne parvient pas à retrouver l’efficacité de « Panda » et se perd dans un tourbillon d’agressivité dérangeante.

En plus de la durée parfois ridiculement courte des pistes, Desiigner s’aventure avant tout sur un terrain extrêmement saturé sur lequel Future règne déjà en maître absolu. Ainsi, « Roll With Me », « Caliber » ou encore « Talk Regardless » manquent très clairement d’une direction artistique nouvelle et rafraîchissante. Et c’est un peu ce qu’on peut reprocher à l’ensemble du bazar : il ne fait aucun doute que Desiigner possède un talent immense et que ses excentricités lui permettront à terme de faire de grandes choses, mais ce défaut d’encadrement nuit gravement à ce premier projet trop sauvage et primitif. L’empreinte d’un grand producteur, qui conditionne le projet, encadre l'artiste et polit les beats jusqu’à ce que le résultat soit parfait fait défaut à New English - on aurait aimé voir ce que New English aurait pu donner avec l’apport d’un Kanye West, d’un No I.D., d’un Q-Tip ou d’un 88 Keys, pour citer des producteurs de l'écurie G.O.O.D. Music à laquelle le rappeur appartient.

Parce que soyons clair : on s'ennuie quand même pas mal. Il faut en fait attendre le 10ème titre, « Da Day », pour que les choses prennent une autre tournure : portée par un beat change complètement fou, Desiigner propose enfin un son audacieux sur lequel on l’imagine déjà se défouler - une de ses spécialités. Puis, avec les interventions bienvenues de Pusha T et King Savage, ce sont finalement les 4 derniers titres de New English qui sauvent du naufrage un premier projet brouillon et bordélique.