Me And Armini

Emilíana Torrini

Rough Trade – 2008
par Splinter, le 23 janvier 2009
8

Sans être réellement parvenue à percer jusqu'ici, Emilíana Torrini est devenue, au fil des années, une valeur sûre de l'indie pop en poursuivant son petit bonhomme de chemin depuis le sympathique Love in the Time of Science, sorti en 1999, et grâce, en particulier, à son précédent album, Fisherman's Woman, publié en 2005, un disque très acoustique, d'une splendeur et d'un dénuement absolument bouleversants, assez éloigné des œuvres précédentes de la belle islandaise, qui s'était alors davantage spécialisée dans l'électronique ou le trip hop, comme en témoignent ses participations à de nombreux projets divers et variés avant d'entamer sa carrière solo ou même pendant, de Spoon, son premier groupe, à ses collaborations avec Gus Gus et Thievery Corporation.

Me and Armini, son nouvel album, n'est pas, contrairement à ce qu'une lecture un peu rapide pourrait laisser penser, un hommage au couturier préféré d'Emilíana Torrini (je copyrighte cette blague vaseuse). Produit par Dan Carey, dont on avait pu apprécier le travail avec Sia (exceptionnelle "Breathe Me", dont tous les fans de Six Feet Under se souviennent), cet album est malheureusement arrivé trop tard sur ma platine pour figurer dans mon top 2008. Pourtant, le disque vaut clairement le détour et, au même titre que le Silence is Wild de Frida Hyvönen, s'avère particulièrement addictif.

Précédé d'un single bondissant, "Jungle Drum", Me and Armini est bien plus hétérogène que Fisherman's Woman et explore avec bonheur des directions singulièrement variées, en étant composé à la fois de balades déchirantes et nues (exceptionnelle et magnifique "Birds", "Bleeder") telles qu'on peut en attendre d'Emilíana Torrini, mais également de titres plus rythmés (le surprenant reggae "Me And Armini", le pétillant "Heard It All Before") ou de pop songs délicieuses ("Big Jumps"), toujours d'une constante qualité, illuminés de la petite voix enfantine de l'islandaise, qui n'est pas sans rappeler sa compatriote Björk ici ou là.

Bande-son idéale d'un hiver particulièrement froid, Me and Armini n'est ni plus ni moins qu'un petit bijou mélodique, souvent contemplatif, une petite merveille de chaleur et de douceur qui fond dans la bouche et laisse un délicieux goût sucré, à écouter au fond de son lit, sous une bonne couette bien confortable, tout seul ou, idéalement, à deux. Détente assurée.

Le goût des autres :
7 Soul Brotha