Silence is Wild

Frida Hyvönen

Secretely Canadian – 2008
par Splinter, le 18 décembre 2008
8

Chère Frida Hyvönen,

Je me dois de vous présenter mes plus plates excuses. Vous étiez en concert à La Maroquinerie à Paris le 8 décembre 2008. Trois semaines auparavant, je n'avais encore jamais entendu parler de vous, malgré un premier album sorti en 2006, Until Death Comes, et les échos qui étaient ensuite parvenus à mes oreilles n'étaient pas très positifs. Je suis arrivé à La Maroquinerie, très bien accompagné, j'ai assisté à la prestation, en première partie, d'un groupe electro franchement rasoir. Et puis j'ai eu mieux à faire que vous attendre. Je suis parti sans vous avoir écoutée, sans même vous avoir vue, pensant ne rien louper.

Cela dit, quelques jours plus tard, mon rédac' chef préféré m'a gentiment sermonné, en me faisant comprendre que j'avais peut-être raté quelque chose en tournant les talons de la sorte. Et il m'a fait écouter "Dirty Dancing", le premier titre de votre nouvel album, Silence is Wild. Je crois que j'ai rarement ressenti un tel choc à la première écoute d'un morceau. Ma première réaction fut assez grossière, je l'avoue : "putain c'est violent comme c'est beau". Eh oui. C'est violent. C'est beau. C'est une immense baffe dans la face du petit con qui n'a pas assisté à votre show. Une chanson magnifique, quasiment magique, qui transporte l'auditeur en un lieu inconnu et provoque des frissons insoupçonnés, grâce à cette voix, votre voix, Frida Hyvönen, la plus belle voix entendue depuis des années - vraiment. Je vous présente donc mes excuses et j'espère vous avoir montré à quel point j'étais très peiné, en sorte que je demande humblement votre grâce. Pour ce faire, je vais chanter vos louanges.

Mesdames et Messieurs, chers internautes, si vous êtes en train de faire quelque chose en ce moment, je veux dire à part lire cette misérable chronique, interrompez donc votre tâche et rendez-vous sur la page MySpace de la belle Suédoise pour y écouter "Enemy Within", le deuxième titre du nouvel album de Frida Hyvönen : si vous n'êtes pas renversés vous aussi par cette voix cristalline, par ce souffle épique qui traverse ce morceau un peu rétro, par ces paroles simples et sublimes à la fois, je veux bien manger mon billet du concert de La Maroquinerie, que j'ai conservé en témoignage de ma bêtise. Mais encore, ce titre n'est qu'un morceau parmi 13 pépites, oui, pépites, qui composent ce Silence is Wild absolument formidable.

Gentiment daté, avec un son assez typique des années 1980 qui rappelle quelque peu Kate Bush, quitte à frôler parfois la kitscherie coupable ("Scandinavian Blonde", "Birds"), ce second album dominé par l'interprétation exceptionnelle de Frida Hyvönen est un pur bonheur de justesse mélodique et de profondeur narrative qui envoie valser tous ces groupes gentiment pop qui ne chantent que des textes stupides et sans intérêt, en démontrant que l'on peut composer de magnifiques titres, entraînants et superbement orchestrés, en contant l'histoire d'un avortement ("December") ou bien les retrouvailles avec un amour de jeunesse ("Dirty Dancing", probablement le plus beau titre jamais entendu depuis "What's A Girl to Do?" des Bat for Lashes).

Violent et beau, donc, violemment beau pour être plus exact, cet album est, ni plus ni moins, qu'un incontournable de l'année 2008, à écouter d'urgence et à faire partager avec tous vos proches. Magnifique et indispensable.

Le goût des autres :