Oaks

Ethan Rose

Baskaru – 2009
par Simon, le 16 mars 2009
6

Que les adeptes d’albums à destinée cinématographique se réjouissent, Ethan Rose revient pour imposer une troisième fois une mise en bouche aux mélodies enlevées et terriblement immersives. En effet le musicien de Portland, repéré par Gus Van Sant, a participé à l’élaboration de la bande-son de Paranoid Park, aux côtés d’autres grands messieurs de la carrure du pionnier de l’electro-acoustique Bernard Parmigiani. Pour cette troisième galette, Ethan Rose s’emploie à jouer exclusivement sur un orgue Wurlitzer datant de 1926 pour ensuite modifier et traiter le tout avec une palette d’effets électroniques, n’hésitant pas à rehausser le tout de nouvelles textures organiques.

Oaks démarre et se plonge directement dans des ambiances ouatées aux moyens de sempiternelles notes aussi claires que le cristal. Basculant en permanence entre cette orchestration intimiste et une ambient hors du temps, Ethan Rose tente la carte de l’intégration totale de l’auditeur dans un univers forcément doucereux, avançant pas à pas vers une destination connue de lui seul. Comme on n’y voit rien à première vue, on déambule, on cherche et on trouve finalement les points de repères que notre hôte à daigné éparpiller un peu partout dans ce vaste champ d’exploration : une série de notes jouées à la guitare, un carillon errant ou une boîte à musique vous caressant chaleureusement les oreilles. On peut aisément penser à un Sigur Rós sous tranquillisants (c’est dire au vu de la fougue légendaire des Islandais) ou à n'importe quelle autre chose qui provoque un sentiment de dérive totale, l’auditeur se laissant guider par les variations de tons offertes par cet orchestre miniature.

Le seul problème, s’il devait y en avoir un, c’est que les trajets à dos de nuages sont entrecoupés de courtes escales se faisant à pied, coupant par la même occasion l’intérêt de ce disque à certains moments. En effet, certains passages, proches de la léthargie ne parviennent pas à capter l’intérêt, inconvénient vite rattrapé par la courte durée de l’album, ce qui ne laisse finalement que peu de temps aux divagations quelque peu dispensables. Au final, difficile de se prononcer sur la qualité de ce disque à la beauté sensible mais parfois passive, sûr par contre que les amateurs de grands espaces trouveront leur compte dans cette nouvelle sortie d’Ethan Rose. A essayer avant d’acheter.