White Moth

Xavier Rudd

Salt X – 2007
par Simon, le 23 juillet 2007
8

Quelque chose m’a toujours fasciné chez ces « rockeurs-surfeurs », peut être est-ce dû à leur amour de la nature que j’ai du mal à reproduire au vu de ma condition de jeune citadin, ou peut-être sûrement aussi leur talent de multi-instrumentistes dont ils font généralement preuve. Toujours est-il que c’est rapidement que je deviens un véritable fan invétéré de Ben Harper et de ses Innocent Criminals et il m’arrive encore bien souvent de m’acoquiner avec les compositions de Jack Johnson ou en encore The John Butler trio, trouvant en ces personnages une énergie qui semble inaltérable et qui agit à mes oreilles comme un véritable bain de jouvence à chaque fois renouvelé, un appel à des vertus plus pures qui nous font souvent cruellement défaut. Bref ces musiques avaient cette propension à rendre meilleur tout ce qu’elles touchaient.

Et dans cette bande de joyeux drilles, on compte depuis maintenant 2001 le petit dernier, à savoir l’Australien calme et posé Xavier Rudd, gavé au surf et aux feux de camp entre amis, qui nous revient pour un quatrième album plein à craquer de bons sentiments comme à l’accoutumée, sûr de pouvoir rivaliser avec les meilleurs. Ainsi, White Moth est l’occasion idéale pour retracer le parcours spirituel et musical que Rudd a effectué durant ces dernières années, voyageant à travers le monde et évoluant artistiquement dans l’univers de la folk, du reggae, du rock et de la world music. Entièrement co-produit par l’Australien lui-même et Dave Ogilvie (David Bowie, Marilyn Manson et N.E.R.D. ), la plupart des titres ont été enregistrés dans la forêt, au Gggarth Richardson’s studio, sur les côtes ensoleillées de la Colombie-Britannique. A l’instar de Ben Harper, Rudd pratique avec grand soin l’art de la weissenborn, guitare slide au sonorités si particulières, pour distiller un cocktail subtil de ses influences ô combien apaisantes, en passant du rock le plus énergique à des hymnes reggae colorés (« Come let Go »), mais il est maintenant indiscutable que cette frange de jeunes artistes a su également se confirmer au rang de songwriters délicats, et l’Australien ne déroge pas à la règle en développant tout au long du disque de véritables petits espaces de tendresse et de sentimentalité prompts à vous arracher, pour un instant, des vos considérations plus ou moins futiles (« Anni Kookoo », « Whirlpool ») à l’aide d’une voix qui pourra sembler proche à certains moments de celle de Tracy Chapman ou de son aîné Ben Harper. Mais si Rudd jusque-là compile des qualités maintenant connues chez ces artistes, il choisit également de s’investir au coeur de nobles luttes, à savoir la protection de l’environnement et la défense des minorités aborigènes gravement menacées dans son pays natal, l’influence musicale est directe et assumée à l’écoute de titres comme « Footprint » ou « Message Stick » où il se voit attribuer la collaboration de chanteurs aborigènes et de joueurs de didgeridoo pour des pièces tribales et rythmées dont l’efficacité et l’authenticité incontestable en font tout simplement les meilleurs titres d’un album abouti. La galette continuera ainsi son chemin tel qu’il a été initié, entre ballades ensoleillées et airs groovy impeccablement ficelés.

Une fois l’écoute achevée, l’album nous laisse un sentiment d’absolue maîtrise et de délivrance soulagée. On s’étonne de voir avec quelle facilité Xavier Rudd enchaîne ses titres de manière irréprochable. Maintenant j’ai mes réponses aux interrogations de début de chronique: décidemment ces surfeurs ont ce petit quelque chose de plus qui les amènent à faire une musique exceptionnelle, on mettra ça sur le coup du soleil australien pour éviter de trop se dévaluer. Alors que Ben Harper semble se faire moins prolixe malgré son album prévu pour l’été et que The John Butler Trio ne semble plus donner signe de vie, Xavier Rudd apparaît définitivement comme la meilleure alternative qui s’offre à vous cet été.