Versions

Zola Jesus

Sacred Bones – 2013
par Michael, le 3 octobre 2013
3

Chelsea Wolfe - Zola Jesus, le match retour. En 2011, on en était resté sur une belle victoire de la première nommée qui a su, en modeste challenger, renverser une situation que l’on croyait cousue de fil blanc pour l’ex-enfant prodige au patronyme socialo-christique. Ça c’était le match Pain Is Beauty - Conatus. Curieux calendrier donc, qui voit les demoiselles revenir avec leurs nouvelles productions sous le bras à quelques jours d’intervalle. Alors autant le dire d’emblée, là où Chelsea Wolfe montre un jeu vif et constamment en mouvement, Zola Jesus nous la joue "à la" en nous ressortant de vieux morceaux tirés de Conatus et Stridulum II servis à la sauce musique de chambre, le tout arrangé par J.G. Thirlwell de Fœtus. Sur le papier, on aurait pu y croire, la musique de Zola Jesus pouvant tout à fait se prêter à cet exercice de relecture. Dans les faits, ce qui en résulte est affligeant de pauvritude et de consensuel. La démonstration en est simple si vous ne voulez pas vous farcir la galette entière: écoutez « Run Me Out » dans sa version originale sur Stridulum II et enchaînez sur la nouvelle version. Ou comment détruite par des arrangements convenus, bavards et tire-larmes un titre qui brillait par son dépouillement et sa simplicité. Il en va d'ailleurs de même pour tous les titres tirés de Stridulum II. Là où les originaux nous avaient séduits par une approche froide et brute couplée à une interprétation proche de l’explosion mais toujours sur la réserve, dans Versions, tout est surjoué et on se retrouve avec des morceaux dont la vacuité devient franchement gênante. Comme quoi, et on ne le dira jamais assez, écrire de bons morceaux ne suffit pas: l’interprétation et la production sont parfois (et même souvent) des choix déterminants qui font la différence et permettent d’élever un titre vers les sommets (ou de le plonger dans les abysses). Comme on est quand même gentils et qu’on a encore de l’estime pour la native de Phoenix, on a espéré le sursaut sur les réinterprétations de titres de Conatus, histoire de nous faire oublier la platitude de des originaux. Hélas il n’en sera rien et on frôle même franchement le très mauvais goût sur plusieurs relectures. Le constat est amer mais la victoire est franche, Chelsea Wolfe remporte le match par un jeu on ne peut plus offensif et toujours en mouvement, à la batave, quand Zola se sera contentée d’encaisser les tirs dans un attentisme sans sursaut digne d’une Squadra Azzura des mauvais jours. Mais on reviendra très vite sur le cas Chelsea Wolfe...

Le goût des autres :
5 Yann