The Spirit of Apollo

N.A.S.A

Anti – 2009
par Simon, le 20 février 2009
7

Il aura fallu six longues années à Dj Zegon (producteur pour les intemporels Beastie Boys et accessoirement skateur professionnel) et Squeak E.Clean pour réaliser ce petit exploit. Car si cette année 2009 est seulement en train de prendre des couleurs sur le plan musical, les deux producteurs derrière N.A.S.A (entendez par là North America/South America) viennent de mettre à genoux tous les éventuels concurrents au titre d’album le plus « featurisé » de l’année. Affichant à son tableau de chasse David Byrne (chanteur des Talking Heads), Chuck D, Method Man, E-40, RZA, John Frusciante, KRS-One, Tom Waits (!), Kool Keith, Kanye West, Santogold, Lykke Li, George Clinton, Spank Rock, M.I.A., The Cool Kids, Ghostface Killah ou encore Scarface, il paraît illusoire de vouloir battre les deux producteurs en matière de casting en or.

La question qui vient instantanément à l’esprit est de savoir si avec une telle liste de guests en tous genres il est encore possible de produire un mauvais album de hip-hop. Il semble que non, même si, nous allons le voir le résultat n’est pas toujours à la hauteur de nos espérances. Montés sur des beats percussifs et accompagnés d’une série de samples soul/funk lissés à l’extrême, les dix-sept titres en présence ratissent large et s’emboitent de telle manière que les mécontents seront peu nombreux au final. Tablant à la fois sur les valeurs sûres du hip-hop oldschool (le Wu tang Clan, Chuck D ou KRS-One) autant que sur les nouveaux empereurs du hip-pop (Kanye West, Santogold, Spank Rock, M.I.A. ou encore The Cool Kids), l’auditeur finira toujours bien par se voir confronté à un refrain qui lui parlera un langage qu’il affectionne. Organisée comme une petite armée, les artistes se passent le micro avec une facilité déconcertante sans qu’aucune transition ne paraisse pompeuse ou forcée : un véritable bordel musical qui a ceci de jouissif que les genres se catapultent par la simple rotation du plan central, une star faisant place à une autre pour une sauterie qui se veut cohérente malgré tout.

Le revers de la médaille est sans doute le temps pris pour élaborer un tel plan d’attaque. Six ans et autant d’évolutions qui se retrouvent figées sur disque, laissant au bord de la route quelques titres malheureusement en dessous du niveau général (« There's A Party », « Soul Samba »). Un moindre mal certainement à en regarder le résultat final, qui ne manque pas de personnalité au vu de l’incohérence latente qui guette ce genre d’initiative de manière générale. On dira pour faire simple que ce The Spirit Of The Apollo se contente d’être un bon album là où il aurait pu être un immanquable de cette année en cours.

Le goût des autres :
7 Julien 8 Soul Brotha