The Snow Leopard

Shearwater

Matador – 2008
par Splinter, le 21 octobre 2008
8

A-t-on suffisamment souligné la qualité extraordinaire du dernier album de Shearwater ? Probablement pas. Alors profitons de la sortie, en téléchargement uniquement, de ce maxi de sept titres pour affirmer, à nouveau, haut et fort, à quel point Rook, sorti en juin dernier, est un disque sublime, magnifique, indispensable, essentiel, probablement l'un des tout meilleurs disques de folk-rock sortis cette année, voire de ces dix dernières années. Une œuvre inépuisable. Un chef-d'œuvre intemporel. Un achat obligatoire! Sincèrement, tout amateur de rock lyrique, aérien, de mélodies à la beauté incandescente, renversante, se doit d'écouter au moins une fois cet album. Dès la première écoute, le processus est enclenché et son irréversibilité vous saisit : vous êtes amoureux de Shearwater. L'addiction est caractérisée. Vous êtes dévoué corps et âme à Jonathan Meiburg. Vous ne pouvez plus vous arrêter d'y penser.

Définitivement libre de s'investir totalement dans ce qui n'était à l'origine qu'un side project d'Okkervil River, l'Américain, dont le goût pour l'ornithologie est désormais fameux, a décidé de faire plaisir à ses fans en publiant cet EP qui, mine de rien, en 30 minutes, parvient presque à égaler la durée exagérément trop courte de Rook. Rook, dont chacune des 38 minutes permet d'atteindre l'orgasme auditif, illuminé par dix merveilles dont quatre sont reprises ici. "The Snow Leopard", tout d'abord, qui donne son titre à ce maxi, est un titre d'un éclat infini et dont les ressemblances avec "Pyramid Song" de Radiohead ne sont certainement pas dues qu'à mon imagination ; "Rooks", ensuite, captée ici lors d'un live donné à une radio américaine, qui perd un peu en intensité dans cette interprétation à la guitare, mais dont la splendeur reste intacte ; puis "I Was A Cloud", autre merveille ici en live, petite pépite associant guitare et piano d'une splendeur indescriptible, surmontée du chant de Meiburg, sur le fil du rasoir, extrêmement impressionnant.

Deux morceaux sur les sept sont des reprises : "So Bad", tout en délicatesse et au piano, est un titre, à l'origine, de Baby Dee. La voix aérienne de Meiburg fait ici des miracles. La peau est sollicitée comme jamais : chair de poule assurée. "Henry Lee" est, pour sa part, un morceau traditionnel américain dont Nick Cave et Peggy Seeger ont naguère donné leur propre interprétation. Plutôt anecdotique ici, si on ose le comparer aux titres originaux de Shearwater, le titre, particulièrement délicat, se laisse tout de même, évidemment, agréablement écouter.

Citons enfin "North Cole", qui forme un diptyque avec "South Cole", présente sur Rook. Ce seul véritable inédit, dominée par un banjo mutin, se rapproche sans doute plus des premières œuvres de Shearwater, en mettant quelque peu de côté le lyrisme et l'exaltation présents sur des titres comme "Johnny Viola" ou "Century Eyes". Une réussite tout de même et, en quelque sorte, un bonus pour une galette (numérique) qui, de toute façon, était déjà, même sans elle, aussi indispensable que le second CD de Palo Santo.

Le goût des autres :
7 Popop