The Silence of Love

Headless Heroes

Fargo – 2008
par Splinter, le 23 décembre 2008
7

Découverte en France en 2007 grâce à son premier album, l'excellent The Pirate's Gospel, qui a souvent figuré en très bonne position dans les classiques classements de fin d'année, l'américaine Alela Diane n'est pas une chanteuse de folk comme les autres : d'une part, parce qu'elle représente peut-être la nouvelle référence dans ce domaine, avec sa musique magnifique de sobriété, épurée à l'extrême ; d'autre part, parce qu'elle n'est pas qu'une chanteuse de folk, comme en témoigne sa participation au projet pop rock Headless Heroes, auquel elle a bien voulu prêter sa jolie voix.

The Silence of Love n'est donc pas le nouvel album d'Alela Diane. Celui-ci, intitulé To Be Still, sera publié le 17 février 2009. En attendant, la belle Américaine a accepté de poser sa voix sur dix reprises sous la houlette de deux producteurs, Hugo Nicolson et Eddie Bezalel, qui ont souhaité donner une nouvelle chance à des titres relativement inconnus d'artistes plus ou moins célèbres et n'ayant souvent que peu en commun les uns avec les autres : de Daniel Johnson ("True Love Will Find You in the End") à The Gentle Soul ("See My Love") en passant par I Am Kloot (la superbe "To You") et Nick Cave ("Nobody's Baby Now"), difficile en effet de trouver un quelconque fil conducteur entre les titres choisis pour ce projet, hormis, désormais, la voix, sublime, d'Alela Diane, qui réussit ici un numéro d'équilibriste assez exceptionnel et parvient, in fine, à donner à l'ensemble une incroyable cohérence, en faisant totalement oublier que les chansons sont, à l'origine, issues d'artistes aussi différents.

Si ce disque souffre malheureusement du même manque d'ambition que tout album de reprises, que l'on compare nécessairement aux versions originales et qui sont rarement à la hauteur de ces dernières (comme pour "To You"), l'interprétation d'Alela Diane rend pourtant la galette quasi indispensable, indépendamment même des chansons d'origine, qu'elle transcende littéralement. Loin de ses racines soul et gospel, Diane chante d'une voix claire, proche de celle de Chrissie Hynde (probablement l'une des plus belles voix rock de tous les temps) ou de Dolores O'Riordan sur quelques perles comme "Just Like Honey" (The Jesus and Mary Chain), "The North Wind Blew South" (Philamore Lincoln) ou encore "Hey, Who Really Cares?" (Linda Perhacs), tout simplement sublimes.

Souvent tout en retenue, en tout cas jamais dans l'esbroufe ni la démonstration, comme les précédentes œuvres de Diane d'ailleurs, cet album n'est pas celui de héros sans tête, mais d'un groupe pour ainsi dire anonyme, mené par une chanteuse dont l'aura magnifique rejaillit sur chacun des titres qui le composent. Court, sans doute anecdotique au vu de la qualité exceptionnelle de The Pirate's Gospel, The Silence of Love n'en reste pas moins une petite récréation souvent renversante de beauté qui permet de patienter bien sagement en attendant le véritable prochain album d'Alela Diane.

Le goût des autres :
7 Nicolas 7 Popop