The Good, The Bad & The Queen

The Good, The Bad & The Queen

Parlophone – 2007
par Jeff, le 5 février 2007
6

Cela fait déjà plusieurs mois que l'on nous parle dans les grandes longueurs et dans des termes qui inspirent autant la suspicion que l'excitation de The Good, The Bad & The Queen, le nouveau projet mis sur pied par cet hyperactif de Damon Albarn. En effet, après Blur, Gorillaz ou son escapade malienne, le père Albarn a décidé d'ajouter une nouvelle corde à son arc en réunissant dans un studio le guitariste Simon Tong (ex-The Verve et qui a également participé à la tournée Think Tank), le batteur Tony Allen (élève de Fela Kuti et pionnier de l'afrobeat) et le bassiste Paul Simonon (The Clash), le tout sous la supervision de son bon ami Danger Mouse (moitié de Gnarls Barkley et producteur émérite). Il va sans dire que la seule lecture de ces cinq noms et des CV respectifs a de quoi faire saliver, d'autant plus que Albarn a rarement déçu ces dernières années en se construisant une discographie mélangeant originalité et diversité.

Pour comprendre la genèse du groupe, il faut remonter quelques années en arrière. Né de la rencontre entre Tony Allen et Damon Albarn, The Good The Bad & The Queen a enregistré ses premières démos au Nigéria. Mais Albarn, visiblement peu satisfait du résultat, décida alors de rapatrier sa joyeuse bande en Grande-Bretagne et de s'offrir les services de Paul Simonon et de Danger Mouse pour enregistrer un album qui allait proposer une vision unique du quartier bigarré et multiculturel dans lequel il vit (Portobello).

Avant même qu'il n'atterrisse dans les bacs, on nous avait annoncé un album dont le point fort serait la richesse mélodique et culturelle. On parlait d'une musique à la croisée des chemins entre l'Europe, l'Afrique et l'Amérique. Et comment aurait-il pu en être autrement en réunissant un chantre du punk, une icône brit-pop, un roi de la percussion et un producteur habile? Mais c'était sans compter sur la soif d'omnipotence de Damon Albarn. Vissé derrière ce piano qui sert de squelette mélodique à ce disque, on comprend rapidement qu'il est le seul maître à bord. Ce projet porte le sceau de son initiateur et on regrette que l'influence d'un Tony Allen ou d'un Paul Simonon n'ait pu se ressentir davantage. L'album de The Good The Bad & The Queen est donc parsemé de mélodies hypnotiques (les 7 minutes de « The Good, The Bad & the Queen sont l'incontestable moment fort de ce disque), de folk mutant (« Kingdom of Doom », « A Soldier's Tale ») et de réminiscences dub du meilleur effet (« Three Changes »). Et bien que The Good, The Bad & The Queen soit loin d'être avare en bons moments, on était peut-être en droit d'attendre une musique plus aventureuse que cette version lugubre et paranoïaque de Gorillaz.

Car à l'arrivée, le résultat, s'il ne déçoit pas, est tout au plus plaisant, faisant de The Good The Bad & The Queen un énième « supergroupe » qui, comme paralysé par l'accumulation subite de talents, accouche d'une oeuvre bien en deçà des attentes. Le coup de fatigue guetterait-il Damon Albarn? Vu l'omniprésence du zigue depuis quelques années sur la scène médiatique et l'exaspération qu'il suscite chez ses détracteurs les plus fielleux, j'en connais qui vont être contents...

Le goût des autres :
7 Splinter 8 Romain