The Die Is Cast

Menace Ruine

Alien8 – 2008
par Simon, le 31 janvier 2009
7

Ceux qui avaient jeté une oreille sur le dernier effort en date de Tim Hecker (le magnifique Fantasma Parastasie chroniqué récemment) connaissent la valeur d’un label comme Alien8, et plus largement de l’ensemble de la scène montréalaise en matière de musique électronique déviante. Et pour bien commencer cette année, on vous propose le retour de Menace Ruine, autre combo superstar en provenance du Canada. Ici pas de doom ambient, ni de nappes grésillantes au menu, Menace Ruine tape plutôt dans une forme un peu particulière de drone rock. De prime abord donc, les fans de Sunn O))) ont intérêt à bien se tenir car The Die Is Cast s’annonce déjà comme une perle du rock ultra-saturé. Menace Ruine aurait pu s’arrêter là qu’on aurait rien trouvé à redire, mais la force du propos tient cette fois dans le lyrisme éperdument troublant de ce nouvel album, allègrement plongé dans des vocalises d’un folk médiéval haut perché.

Exit donc les blasts grindcore qui faisaient la loi dans Cult Of Ruins, on nage ici dans un océan de nappes rocailleuses entrecoupées de chant en surplomb. Et il faut bien avouer que la voix de Geneviève a de quoi réveiller les morts. Une voix plaintive et haute en émotion qui recouvre de sa superbe cet alliage doom folk pour un résultat à la limite de la déviance, qui provoquera sans trop de difficulté un headbanger lent et lourd tout au long de ces sept pistes chamaniques et inspirées. Car c’est bien d’un parcours initiatique qu'il s’agit ici. En effet, The Die Is Cast vous entraîne lentement, mais irrémédiablement, vers des contrées aux sombres alentours sans qu’un retour en arrière ne soit envisageable. Après tout, pourquoi revenir sur ses pas alors qu’on se trouve en si bonne compagnie me direz-vous. Et vous avez raison car il n’y a ici rien d’inamical, rien de contraire à votre désir profond d’évasion, tout est mis en œuvre pour vous plonger dans une transe répétitive et obsédante sans que vous n’y trouviez rien à objecter. Tout ici est lumière et obscurité, l’alternance des deux provoquant des images nouvelles, sortes de chutes de tensions visuelles. Il ne reste alors qu’à suivre les faisceaux lumineux qui éclaireront faiblement votre route à mesure qu’une batterie martèle avec insistance le sol poussiéreux, la suite de votre parcours ne sera que déambulations et visions hallucinogènes, facilité par une perte des repères évidente mais surtout indolore.

C’est une fois que la musique décline, quand le disque finit alors par s’arrêter qu’on se rend compte de la réaction profonde qu’emporte ce nouvel effort de Menace Ruine. Autant affaibli qu’émerveillé, votre cerveau a définitivement imprimé les sept titres en présence et ne pourra renoncer à l’envie de revivre d’encore plus près cette épopée néo folk un peu particulière que représente The Die Is Cast. Avec ce nouvel album, Menace Ruine enfonce donc encore un peu plus le clou, consacrant tout le bien qu’on peut penser de la scène canadienne en matière de musiques sombres. Chapeau.