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Dávila 666

In The Red Records – 2009
par Romain, le 18 février 2009
8

Le punk garage n’est pas la propriété exclusive du monde anglophone ! Eh non ! Car si on l’associe traditionnellement aux films d’horreur de série Z, aux filles généreuses de leurs personnes qui manient des armes automatiques, aux « hotrods » rutilantes et aux caves de Londres ou New York, on s’aperçoit très vite avec Dávila 666 qu’on casse aussi des guitares à Puerto Rico.

Sur le fond, ça change tout. En effet, en plus des rengaines « chemisées cuir » du genre, on a droit à du voodoo, à du mescal et à des histoires de catcheurs bariolés. Ca n’en a pas l’air comme ça, mais en regard des Black Rebel Motorcycle Club et autres Hives, c’est extrêmement dépaysant et, finalement, culture « mex » et psychobilly sont loin d’être incompatibles. Ce n’est qu’un juste retour des choses quand on y pense, puisque l’Amérique du Sud a beaucoup contribué indirectement au rock garage des années 60 et à la surf music.

Par contre pour la forme, on reste assez proche des standards actuels du genre, et en particulier des Black Lips, qui sont d’ailleurs également produits par In The Red Records. La ressemblance est troublante, si pas confondante. Difficile en effet de saisir les nuances entre certaines structures des uns et des autres. A ce propos, les mauvaises langues diront que c’est simplement pareil, et nuanceront que d’un coté ça chante en espagnol de l’autre pas. Le jugement est possible, mais pas totalement pertinent. Tout d’abord, dans le petit monde du punk le mot « innovation » n’a pas vraiment cours et les emprunts vont bon train, que ce soit dans le rock’n’roll le plus classique ou dans l’underground le plus sombre. Ensuite, Davila 666 possède une vraie griffe et fait preuve d’une culture assez vaste pour ne pas tomber dans le pastiche facile. On en a la preuve avec des balades comme « Tu » qui mélangent le xylophone à la Velvet Underground et rythmique planante façon Brian Jonestown Massacre. Avec de tels arguments, Davila 666 est donc clairement 3 étages au-dessus d’un Think des Lovvers par exemple.

Qu’on ne s’y méprenne pas, Dávila 666 nous offre un bon album, certes dans un style déjà entendu et vaguement répétitif, mais dont l’énergie et l’efficacité sont à toute épreuve.