Rennen

SOHN

4AD – 2017
par Yann, le 23 janvier 2017
6

Pas facile la vie d'artiste, surtout quand on sort son deuxième disque le même jour qu'une machine de guerre comme The XX. Moins encore quand on s'inscrit dans le sillage de ces derniers : production électronique émotionnelle et voix/section rythmique touchant de loin au R&B. Pour autant, il serait dommage de ne pas jeter une oreille au second album de SOHN : il fera une bonne bande-son pour accompagner le manque de lumière et le froid hivernal.

SOHN, ou Christopher Taylor de son vrai nom, n'a pas chômé depuis la sortie de son premier album en 2014. À part une très longue tournée, il a travaillé pour la très bankable BANKS et a sorti un remix remarqué pour Lana Del Rey. Un rythme soutenu pour l'Anglais qui a dû s'isoler pour accoucher de ce second long-format en solo. Et le problème quand on s'isole pour produire un disque, c'est qu'on finit par manquer d'oxygène et s'embourber dans ses propres idées. Il en résulte un disque inégal, proposant des titres très forts à côté d'autres complètement anecdotiques.

Rennen s'ouvre sur "Hard Liquor", un des 4 singles sorti par 4AD pour défendre le LP. Comme entrée en matière, c'est pas mal, mais vite gonflant, avec ses longues plages rythmiques qui ne créent ni tension, ni énergie. Tout le contraire de "Conrad", la perle du disque, où les boucles vocales se mêlent à des claviers majeurs/mineurs. On apprécie ici la simplicité dans la production, ce qui reste la marque de fabrique des bonnes chansons pop. Citons encore "Primary" et sa voix posée simplement sur quelques accords au clavier, avec un final instrumental bien maîtrisé.

Le problème du disque, en réalité, ne tient pas à la production ou aux arrangements, où la minutie de l'artiste se ressent sur tous les titres, mais plutôt à la faiblesse de certaines compositions. Du coup, dès qu'un morceau dépasse les 4 minutes, on finit par s'emmerder. C'est particulièrement le cas sur "Falling", mais aussi sur "Signal", pourtant choisi comme premier single. C'est d'ailleurs sur ce titre qu'on remarquera l'évolution stylistique de SOHN, plus proche maintenant d'un How To Dress Well que d'un Son Lux auquel on aurait pu plus facilement attribuer le premier disque Tremors

Attention, pris dans sa globalité, le disque n'est pas fondamentalement désagréable. Si vous cherchez votre dose de mélancolie hivernale, Rennen est une option tout à fait recommandable, mais qui risque par contre de prendre la poussière sur vos étagères au retour du printemps.