Perceiver

Peter Van Hoesen

Time To Express – 2012
par Bastien, le 4 octobre 2012
8

On peut y voir un signe de notre époque mais la techno connaît une phase de noirceur qui va bien au-delà de l'effet de mode. Il faut avouer que l'on a connu des périodes plus joyeuses. Les montées lumineuses et pleines d'espoir de la techno semblent donc avoir été mises entre parenthèses, cédant la place à une musique angoissante et noire. Le dark side de la techno connaît bel et bien des jours radieux.

Occupant le devant de cette scène,  on trouve les labels Ost Gut TonStroboscopic Artefacts ou encore Delsin Records, pour ne citer que les plus connus. À côté de ces grosses cylindrées, il y a de plus petites structures, dont Time To Express fondé par Peter Van Hoesen. Le Belge n'est sûrement pas le producteur le plus connu de ce petit monde mais il y avait fait forte impression il y a deux ans avec Entropic City. Peter Van Hoesen nous avait alors gratifiés d'une techno cérébrale lorgnant clairement sur le dancefloor. Pour son retour sur LP, l'aspect dancefloor s'est estompé au profit d'une volonté plus exploratoire de la musique électronique. Perceiver se veut même, aux dires de son auteur, un album de musique expérimentale qui tient ses promesses, mais pas vraiment là ou on l'attend.

L'album peut se décomposer en deux séquences: l'une plutôt portée par un son dub-techno et ambient, l'autre par une techno à l'efficacité redoutable. Pour les adeptes de DeepchordChain Reaction, quelques plages sauront à coup sûr vous ravir. Les nappes éthérées et la léthargie qui se dégagent de ces pistes vous mèneront en terrain connu. Le basculement a lieu autour d'un morceau très court aux accents IDM. A partir de là s'enchaînent des pistes purement techno qui vous happent dans l'obscurité et l'intimité d'un club. Il serait tentant d’envisager chaque partie indépendamment de l’autre. Pourtant, la force de cet album est de permettre à la première partie plus expérimentale et immersive de préparer l'auditeur au déferlement de la seconde, dark et oppressante. Le liant est cette noirceur qui teinte ces 11 titres. Sous ses atours éclatés, Perceiver est en fait un album doté d'une réelle cohérence.

Alors quand on y réfléchit un peu, on se dit que Peter Van Hoesen rate quelque peu son objectif de produire de la musique expérimentale. De ce côté, rien de nouveau sous le soleil. En revanche, son album excelle dans la mise en place d'un décor qui prépare insidieusement l'auditeur à une plongée lente et profonde en eaux troubles. La noirceur de Perceiver n'a d'égal que son aspect implacable et c'est en cela qu'il est une réussite.