Majestic EP

Van Der Papen

Parvoart – 2008
par Simon, le 24 octobre 2008
8

Deux frères, Berlinois de surcroît, pratiquant une techno dub baignant allègrement dans des volutes ambient, cela a de quoi étonner. Non pas que l’alliance fraternelle soit chose rare dans les milieux électroniques (pensons à Soulwax, Tiefschwarz), mais l’intention et la ferveur avec laquelle ce son rétro-futuriste nous est présenté, elle, a toutes les qualités pour capter de manière certaine l’attention des plus nostalgiques. Car de ces trois titres, on retiendra tout d’abord les lignes de basses chaleureuses et habillées de « April », qui prouvent directement qu’on a bel et bien affaire à un de ces enfants de la génération Basic Channel, croisant le fer sur des rythmiques deep et soutenues. Les claviers d’un dub éclairé balaient « 30483 » avec un talent sans partage, faisant sans cesse varier les hauteurs dans ce qu’il reste de quelques accords de guitares arides. Un climat aride qui flotte de manière persistante autour de ces trois perles électroniques et qui trouve son apogée dans les nappes d’un ambient bien souvent abyssal, faisant descendre l’ensemble sous le niveau de la mer.

Reviennent alors une dernière fois ces lignes de basses mentales et résolument enlevées (« Uvea »), consacrant avec force le fait qu’on ne peut se passer d’un EP comme Majestic, car il frappe avec une assurance déroutante et envoie aux oreilles un contenu qui fait peur par l’enfoncement en soi qu’il provoque lors d’une écoute attentive. On trouve donc là les derniers descendants d’une musique qu’on n'aura jamais peur de qualifier de minimale, car, à une époque où il voulait encore dire quelque chose, ce terme provoquait chez beaucoup une émulation qui se voulait saine et en adéquation avec ses objectifs : transgenres et enfouies dans les ressacs de notre existence. La ballade proposée ici résume cela à merveille en décalquant son architecture labyrinthique dans un climat aquatique grandiose, simple porte d’entrée vers un univers profond et intense. Une symbiose totale entre des composants riches et admirablement bien texturés. Et ce genre d’émotions, on en manque cruellement pour s’en passer la conscience tranquille.