Loveshines But The Moon Is Shining Too

Sunset

Autobus Records – 2010
par Pauline, le 11 octobre 2010
8

Comme tous les merveilleux albums de pop, le nouvel opus de Sunset commence par un son clair et perçant. Ici, de l'orgue. Puis entrent en scène des voix composites. Mais autant vous prévenir tout de suite, Sunset n'est pas vraiment un groupe de pop, plutôt un one-man band qui se frotte tant au songwriting pur qu'à l'expérimentation. Avant, Sunset s'appelait {{{Sunset}}} mais 2010 est l'année de la raison, l'année de l'abandon des accolades et celle d'une entrée fulgurante dans le top des jeunes groupes à suivre de près. Et 2010 en avait bien besoin.

Le cerveau de cette entreprise c'est Bill Baird, un Texan pure souche qui compose et triture ses chansons tout seul comme un grand, changeant de camarades d'enregistrement à sa guise. Sunset est un si beau projet qu'il est difficile de le délimiter précisément. Mais c'est avant tout un projet changeant qui produit une musique délicieusement gluante et fourre-tout. Sunset fait partie de ces groupes qui surchargent volontairement leurs morceaux un tout petit peu et qui jouent de la ligne si fine et fragile qui existe entre inspiration pure et gloubiboulga musical prétentieux. Bill Baird a clairement décidé de faire un sort à tous nos standards pop-rocks, des Beatles aux Beach Boys, ça fleure bon l'influence, mais ça a le goût de l'unique. On pense à Brian Eno par-ci par-là, et on pense souvent aux années 70, qui semblent une influence majeure. Baird n'hésite pas à envoyer sans ménagement les cordes, les orgues, la réverb, les synthés, les rythmiques à tomber par terre, les tambourins…

Et puis il y a tellement de belles ballades qui viennent nous chercher à grands coups de voix suaves pleines d'écho (ça marche si bien depuis les Magnetic Fields, non?) et de doux sons de xylophone (magnifiques "Loveshines", "Moonlight"), qu'il est bien difficile de sortir intact de Loveshines But The Moon Is Shining Too.  Ce qui ressort de cet opus c'est son lyrisme, qui transcende le son un peu "lo-fi" de l'ensemble, c'est son mariage parfait d'expérimentation ("Loveshines II") et de grandeur pop nostalgique ("Your Soul Glows In The Dark"). Pas de pop sans cette teinte de tristesse et de mélancolie qui va si bien à l'imaginaire fertile de David Baird. Entre ballades, cœurs sublimes, nappes de sons un peu sales mêlées à des sons aussi clairs que de la Quézac, c'est tous ces mélanges si improbables mais réussis qui font de Loveshines But The Moon Is Shining Too un album extrêmement prometteur. Et qui fait de Sunset un groupe qui fait vraiment plaisir à entendre dans le contexte pop un peu morne de ces derniers mois.