In the Cool of the Day

Daniel Martin Moore

Sub Pop – 2011
par Jeff, le 11 février 2011
8

Rien que l'histoire entourant la création de ce disque vaut à elle-seule une chronique. Il y a peu, Daniel Martin Moore était invité dans les studios de la radio WXVU à Cincinatti pour y enregistrer une session acoustique. Business as usual pour l'artiste. Dans les locaux de la station, l'artiste est tombé sur un vieux piano Steinway avec lequel il s'est mis à chipoter. Et là, ce fut la révélation. Depuis un petit temps, le songwriter ambitionnait d'enregistrer un album rendant hommage au gospel, constitué de vieux morceaux réinterprétés de mémoire et de nouvelles compositions à lui. Bref, sans ce piano, il n'est pas certain qu'In The Cool of the Day aurait vu le jour. Et franchement, maintenant que nous l'avons écouté, on ne peut que se féliciter de cette rencontre pour le moins inattendue.

Certes, on connaissait déjà le talent de Daniel Martin Moore, lui qui nous avait d'abord séduits avec un premier album de folk joliment ficelé et avait ensuite enfoncé le clou sur Dear Companion, une galette aux relents environnementalistes enregistrée à quatre mains avec le camarade Ben Sollee. Certes réussis, ces disques avaient pour principal inconvénient qu'ils faisaient du songwriter un suiveur de talent davantage qu'un artiste à la personnalité bien tranchée. Et si on n'ira pas jusqu'à dire que Daniel Martin Moore s'est réinventé sur In The Cool of the Day, on sent ici le mec complètement passionné par son projet et prêt à prendre des risques, certes bien calculés, pour arriver à ses fins. Au regard de la qualité de ses précédents efforts, on aurait pu penser que Daniel Martin Moore allait enquiller les albums de folk "à la Nick Drake" toute sa carrière. Mais cette fois, on sent le natif du Kentucky particulièrement appliqué et impliqué dans ce projet, comme s'il avait trop longtemps rongé son frein et que cet album-hommage était un premier pas dans la voie de l'émancipation. D'ailleurs, dès le second morceau du disque, le countrysant "Dark Road" on peut entendre Daniel Martin Moore nous souffler que "where there's a will there's a way" (quand on veut, on peut quoi!). Avec ces quelques mots, tout est à peu près dit.

Ceci étant, on s'en voudrait de ne pas vous dire qu'In the Cool of the Day, s'il a été créé comme un hommage au gospel, est toutefois loin de ressembler aux clichés que véhiculent le genre – en gros, une jolie troupe d'afro-américains surplombant l'autel d'une église toute blanche, parés de robes mauves satinées et louant la magnificence du Seigneur tandis qu'une foule dans un état proche de la transe rend gloire à Dieu. On a ici droit à un album clairement orienté folk et sur lequel l'influence du gospel est palpable. Il n'empêche, il n'y a pas à tortiller: Daniel Martin Moore ne déçoit à aucun moment sur ces onze morceaux, et se permet même d'être tout bonnement irrésistible sur certains titres. Franchement, que demander de plus?