Fantasy Black Channel

Late Of The Pier

Parlophone – 2008
par Adrien, le 22 janvier 2009
8

On ne cessera de répéter combien la scène musicale britannique est, à ce jour, l'une des plus dynamiques, novatrices et jamais avare de révélations, tant éphémères que pérennes. Source depuis quelques années de nombreuses convoitises, la «so-called» Nu Rave, mouvement musical institué par le NME qui tient son intérêt dans son croisement détonnant entre Electro, Rock, Pop et expérimental, compte dans ses rangs les post-adolescents des Klaxons, CSS et autres New Young Pony Club. Leur connotation hype, leur surexposition et leur surestimation, c'est bien ce que les Late Of The Pier tentent à tout prix d'éviter. Car le combo originaire de Castle Donington, un village du Nord de l'Angleterre, se voit constamment qualifié de Fluo Kids, dans la lignée des pré-cités Klaxons. Pas forcément l'étiquette rêvée pour ces Anglais hyper-actifs, créatifs et de surcroît touche à tout.

Un bien curieux objet que ce Fantasy Black Channel. Produit par le génial Erol Alkan, le premier véritable album du quatuor n'est autre que le support et le défouloir de gamins qui ne tiennent pas en place, inspirés et nourris dès leur plus jeune âge par tout ce qui rend le paysage musical anglo-saxon tellement séduisant. Les références sont donc présentes, du glam Rock de Bowie au psychédélisme américain, en passant par les hommages répétés aux films d'horreurs estampillés série B. Un foisonnement que les énergumènes de Late Of The Pier domptent avec une aisance déconcertante comme le démontre une avalanche de titres tous plus percutants, à coups de guitares saturées et de synthés débridés. Car c'est certain, dans leur élan d'hyperactivité, ces énergumènes ne se prennent pas au sérieux, leur musique, édulcorée à souhait, flirtant de bout en large avec l'absurde et l'insouciance des débuts.

Ca foisonne, ça fuse dans tous les sens et pourtant Fantasy Black Channel reste cohérent, à travers ses enchaînements fluides de morceaux pétulants qui laissent à peine place au répit. A cet égard, les Late Of The Pier n'ont rien à envier à d'autres formations du même calibre, telles Does It Offend You, Yeah ou Foals. Le quatuor en devient même plus remarquable dans sa capacité à jouer avec les genres, à enchevêtrer d'innombrables sonorités et d'alterner toutes sortes de rythmiques. Vous l'aurez compris, rien n'est à jeter sur ce premier effort, des instrumentaux hallucinés "Hot Tent Blue" et "VW" aux 7 minutes et 13 secondes de "Bathroom Gurgle", final dont les riffs de guitare font irrémédiablement penser au meilleur du Black Rebel Motorcycle Club. Sans oublier le cosmique "Focker", le très 80's "Heartbeat" et le fulgurant "Broken", bombinette Electro/Rock des plus savoureuses.

Quoiqu'on en dise, et malgré leur volonté de ne pas être assimilés au sobriquet de Nu Rave, les Anglais de Late Of The Pier investissent une scène éphémère, dans l'air du temps. A l'écoute de Fantasy Black Channel, force est néanmoins de constater que le quatuor dispose, par son énergie et son éclectisme, de tous les arguments pour perdurer dans le paysage musical indépendant. C'est du moins tout le mal qu'on leur souhaite.

Le goût des autres :
8 Julien Gas