Fabric 77

Marcel Dettmann

Fabric – 2014
par Jeff, le 1 septembre 2014
8

En 2012, Ben Klock signait avec son Fabric 66 l’un des plus brillants épisodes de l’histoire récente de la série – et l’une des toutes meilleures galettes de l’année, par la même occasion. Un disque félin, puissant, et technique. Une (énième) preuve de la toute puissance de la clique aux commandes de l’institution Berghain et de la mainmise de la techno berlinoise sur la sphère électronique.

Mais aux yeux du grand public, monsieur Nina Kraviz est indissociable de son collègue Marcel Dettmann. A eux deux, ils sillonnent le globe, se retrouvant à intervalles réguliers pour composer à quatre mains ou s’amuser le temps de b2b dantesques. Le retour de la techno sur le devant de la scène conjugué à leurs talents respectifs en font deux des DJ’s les plus demandés et les plus bankables de la planète. Et si le père Clock avait déjà eu les honneurs d’un mix pour le club londonien, on se doutait qu’il ne faudrait pas trop patienter avant que son compère à la crinière blonde se voit proposer pareille opportunité. Evidemment, la perspective de voir Marcel Dettmann s’inscrire dans le droit fil de son BFF était tentante, mais on se réjouit tout autant de ne pas le voir donner dans la copie conforme stylistique. En effet, là où le Fabric 66 de Ben Klock était une ode à la peak hour et aux kicks ravageurs, la sélection de Marcel Dettmann se veut plus introspective (toutes proportions gardées bien sûr), et met davantage en lumières des influences EBM et new wave du bonhomme.

Loin d’être un exercice de technique dancefloor pur, dur et limité dans le spectre des BPM, ce Fabric 77 prend un malin plaisir à élargir le champ des possibles, sans pour autant diluer son propos. Et c’est là que l’on comprend vite ce qui sépare des mecs comme Marcel Dettmann du reste de la meute : malgré des choix pas toujours simples à concilier, sa sélection (qui aligne des titres de Terrence Fixmer, Answer Code Request ou Norman Nodge) ne montre pas le moindre signe de faiblesse ou d’essoufflement, même lorsque ce cher Marcel cale au beau milieu d’un set qui commençait à sérieusement décoller son edit un peu bizarroïde d’un titre de Paperclip People – le projet réunissant le daron Carl Craig et les rois de la dubtechno Basic Channel. Le genre de pirouette éminemment casse-gueule qui vaudrait moqueries et quolibets à n’importe quel DJ à la petite semaine mais qui, fondue dans la globalité d’une sélection impeccable de maîtrise et de lucidité, nous rappelle (comme si on en avait vraiment besoin) que ce mec est bien l’un des meilleurs dj’s en activité. Weltmeister, tout simplement. 

Le goût des autres :