English Graffiti

The Vaccines

Columbia – 2015
par Jeff, le 8 juin 2015
7

"But there's, no hope, and I hope it's just a phase" et "'Cause it is a lonely world." Deux bouts de phrase pris dans les titres qui ouvraient et clôturaient le précédent Vaccines, Come of Age. Deux bouts de phrase qui résument l'état du rock anglais et la place du groupe londonien au sein de celui-ci. En effet, l'Angleterre noie son vague à l'âme dans un fond de pinte tiède depuis plusieurs années - depuis le raz-de-marée Libertines dira-t-on. C'est sûr, ce ne sont pas les chouettes groupes ou songwriters qui manquent dans le milieu, mais sa capacité à peser sur la musique est aujourd'hui nulle. D'ailleurs, le fait que les principaux événements sur lesquels le NME se soit turlupiné ce premier semestre soit le come-back de Blur ou la possibilité d'une reformation d'Oasis en dit long sur l'état de délabrement. Sinon ils ont quoi de prévu Ocean Colour Scene dans les mois qui viennent? Une tournée avec Cast et Shed Seven, ça le ferait grave.

Dans ce contexte, on avait placé nos espoirs et quelques livres sterling sur les Vaccines, qui étaient parvenus à montrer de belles choses et déjouer pas mal de pronostics sur Come of Age, un disque qui ouvrait de chouettes perspectives d'avenir. Et puis on se disait que la volonté de voir un peu plus loin que leurs terres natales s'affirmait davantage encore avec le recrutement de deux producteurs qu'on associe pas vraiment à leur version assez aseptisée du garage à l'anglaise: d'une part Dave Fridmann, soit un type qui a pour rappel quelques classiques à son actif (du The Great Destroyer de Low au Oracular Spectacular de MGMT en passant par tous les meilleurs albums des Flaming Lips); et d'autre part Cole M. Greif-Neill, ancien membre de la troupe d'Ariel Pink désormais intégré à la team Stones Throw. Ou quand deux visions du psychédélisme se mettent au service de types qui, sur papier, ne sont pas vraiment des spécialistes de la question - même si leur excellent EP Melody Calling sorti en 2013 démontrait une véritable volonté d’explorer cette veine.

English Graffiti, c’est donc la synthèse de deux visages que le groupe est désormais capable d’afficher. On aurait sûrement préféré que les Vaccines arrêtent de nous pondre des gros tubes pour lads bourrés, mais le problème, c’est qu'ils ont un talent certain pour ça et nous le prouvent encore à plusieurs reprises. Ces morceaux, on sait déjà qu’on les oubliera plus vite qu’un mauvais crush de vacances, mais on sait aussi qu’un mauvais crush de vacances, ça peut vous rester en tête pendant quelques semaines - j’ai ça avec « 20/20 » et son refrain « I’m throuuuuuuugh thinking about you ». Quand on aura fini de ressasser des souvenirs qui ne méritent pas tant d’attention, on sait qu’on reviendra vers ces titres qui voient les Vaccines essayer de trucs assez cools ci et là, que se soit en prenant de bonnes idées dans le songwriting de John Lennon ou Mercury Rev, en laissant les claviers jouer les premiers rôles ou en optant pour une production résolument 80’s.

Entre les morceaux que les charts aimeront et les morceaux que la petite histoire de la musique britannique retiendra, il y a de quoi accommoder pas mal de sensibilités sur English Graffiti. Pourtant, c'est en voulant ménager la chèvre et le chou que ce troisième album finit sa course le cul bien écartelé entre deux chaises, confirmant encore un peu plus le statut de "groupe à suivre" pour les Vaccines - ce qui commence à tenir davantage du running gag qu'autre chose quand on sait que What Did You Expect From The Vaccines? est sorti en mars 2011... 

Le goût des autres :
7 Amaury L