Démo 1.0

Bluebird Supernovae

 – 2008
par Julien, le 15 janvier 2009
7

Les années passent et le constat ne change que très peu : on a bien du mal, en France, à soutenir notre scène indépendante. La faute à un paysage médiatique qui n'entend rien ou qui ne relaie pas. Pour éviter les camouflets à répétition, mieux vaut peut-être se pencher sur les groupes au berceau. Combien de disques géniaux sont ainsi passés au travers, filant droit sans jamais accrocher un grand distributeur ? On pourrait en inaugurer un carnet. On l'introduirait au hasard par le monumental album d'Orval Carlos Sibelius qui n'a dû s'écouler qu'à quelques centaines d'exemplaires. Pour pallier ces douloureux ratés, il faut sans doute annoncer un groupe, un artiste, dès ses premiers pas, sans attendre l'oeuvre majeure qu'on espère tous – de manière à ce qu'il soit déjà introduit à ce moment-là.

C'est dans cette optique qu'il faut prendre la première démo de Bluebird Supernovae. Comme son nom l'indique, il s'agit d'une vitrine de ce que Fabien, père de tout l'album, pourra donner à l'avenir. Et il y a beaucoup à espérer tant les sept titres en présence sont brillants. Doué d'une science mélodique typiquement anglaise, Bluebird Supernovae remplit aisément son cahier des charges. Autant pop-folk que new-wave très planant, ses morceaux témoignent d'un grand savoir-faire et d'une jolie sensibilité.

"The Running", en ouverture, est une impressionante réussite. S'ouvrant sur un duo boîte à rythme – clavier rappelant fortement le travail de The Album Leaf, il se pare ensuite de belles pistes de voix entremêlées pour un long trip nostalgique du plus bel effet. Autre exemple, "Le Roi Reptile", dans un registre plus dépouillé, nous fait profiter d'un excellent développement acoustique tout en délicatesse. La bonne efficacité du chant et la très grande maîtrise de l'espace sonore font incontestablement de Bluebird Supernovae un projet à suivre. On pourra trouver des bémols : quelques claviers un peu amateurs ("A Pleasant Beach") et surtout un copier-coller un peu mécanique du Radiohead période The BendsMy Iron Long sur "Is It Not a Lovely Day to Fall Asleep ?", "Pollux Star" ou le refrain raté de "Sweat Home". Mais on le rappelle, c'est une démo 1.0 et il ne faut garder que le meilleur, ce qui n'est d'ailleurs pas une mince affaire dans une collection de ballades aussi charnelles.