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Real Estate

Domino – 2011
par Pauline, le 7 novembre 2011
9

Dans le marasme culturel de l'indie-pop, les clones sont légion. C'est presque logique tant on se positionne de plus en plus dans l'écoute à tout-va, et qu'avec cette excitation de la nouveauté on oublie parfois de butiner et apprécier les disques sur leur durée pour que l'amour naisse. Et puis il y a les groupes qui nous facilitent franchement la tâche, comme Real Estate.

Le groupe du New Jersey aujourd'hui basé à Brooklyn a déboulé avec son nom impossible à googler, en même temps que les tout aussi merveilleux Ducktails. D'un coup, ils ouvraient la voie à une pop psychédélique et mystique, plus tropicale qu'hallucinogène pour Ducktails, plus romantique qu'électrique pour Real Estate. Un album éponyme en 2009 marquait alors le début d'une carrière dont on devinait qu'elle serait en permanente expansion. On pouvait entrevoir un noyau de talent qui se multiplierait à l'infini. Ce qui force la fidélité avec Real Estate, c'est qu'ils sont uniques. Ça paraît banal, mais c'est en fait si précieux qu'on oublie trop souvent de le souligner. Comme tout les bons groupes, ces jeunes gens ont un son de guitare particulier, une voix qui se signe en bas de chaque titre et tout un monde dans leur composition, du genre à plonger l'auditeur en apnée. Un disque de Real Estate ne s'oublie pas, il se range dans une case bien spéciale de la mémoire. Et quand on le ressort un jour, c'est pour revoir tout ce qu'on y avait laissé.

Et puisque Real Estate est un groupe génial, ils savent d'un album à l'autre dilater ce son qui leur est propre, soigner ses contours, le polir pour lui donner de beaux angles et un relief incroyable. Après la révélation du premier album, on passe à l'émerveillement du deuxième. On retrouve une innocence qu'on ne croyait plus possible depuis les palpitations amoureuses de la twee des années 90. Les mélodies tire-larmes semblent être composées sur le même virage qui emmenait Slowdive vers Mojave 3 en 1995. Sur cette route vers un eldorado musical, qui ne s'inscrit dans aucune période, mais qui vient se poser sur un hors-temps, dans une innocence si fugace.

On en vient à promettre à Real Estate un futur radieux, à l'image de groupes comme Yo La Tengo, qui ont su braver les âges sans prendre une ride, qui ont fait rugir leurs guitares plus fort que les autres, tranquillement, quand personne ne regardait. Des chœurs furieusement catchy ("It's Real") des longs morceaux instrumentaux, bandes-originales d'un road trip à la Wim Wenders ("Kinder Blumen"), aux amorces de pop psychédéliques pleines de lumière ("Wonder Years"), Real Estate tient les rênes d'un rêve musical qu'on voudrait infini.

Le goût des autres :
9 Julien L