And In The Endless Pause There Came The Sound Of Bees

Jóhann Jóhannsson

Type – 2010
par Simon, le 17 mai 2010
8

Jóhann Jóhannsson est sur tous les fronts, à condition que ceux-ci l'amènent toujours plus loin dans l'élite musicale : qu'ils posent ses albums sur la maison-mère de l'électronique scientifique (Touch Music) ou sur l'excellent label indie 4AD, l'Islandais est une véritable institution au sein du joli monde du modern classical. Et cette fois ci, c'est au tour d'un autre label-référence – Type - d'accueillir le géant nordique, pour une bande-originale qui a toutes les caractéristiques du chef d'œuvre accompli.

Envisager Jóhann Jóhannsson à la tête d'une bande-originale est d'ailleurs une chose des plus aisées quand on connait un peu le lyrisme affolant de ses compositions (le récent Fordlandia ayant été adopté par une majorité de la critique comme un modèle du genre), c'est même une chose devenue courante et, on peut le dire, carrément excitante. Engagé pour signer la musique du film d'animation Varmints, Jóhann Jóhannsson va réussir un véritable coup de force en réussissant le pari d'une bande-originale courte (à peine quarante minutes au compteur) mais pleine à craquer d'émotions vives. And In The Endless Pause There Came The Sound Of Bees est un régal absolu pour les oreilles, un festival de cordes lyriques et de voix fantomatiques qui ne prend aucun risque en jouant sur l'explosion des sentiments. On pense directement au meilleurs moments de Tim Burton (Edward Scissorhands en tête) : là où la féérie touche des sommets de grâce et d'élégance sans pareils, où l'immersion ne peut être que totale tant la mise en œuvre est soignée.

Car il n'est pas si facile d'œuvrer correctement à l'établissement d'une bande-originale sensée, il suffit de voir le niveau imposé par des grands maîtres tels que John Carpenter, Vangelis ou encore Hans Zimmer pour se rendre compte de la difficulté d'habiller des images en musique. L'Islandais part au casse-pipe en proposant un univers sombre et habité, refusant de tomber dans le minimalisme un poil intello pour mieux faire jouer la corde sensible de manière intelligente. Les escaliers de cordes (violons, violoncelles au ton grave, piano cristallin) renvoient au incursions permanentes de volutes ambient ainsi qu'aux insistances vocales pour une somme grandiloquente de beauté aérienne.

En un mot comme en cent, on perd pied après quelques minutes et on n'en reviendra qu'une fois le disque fini, ces quarante minutes passant à une vitesse folle. Et si And In The Endless Pause There Came The Sound Of Bees se rejoue en boucle sans compter les écoutes, c'est bel et bien car il fait d'ores et déjà partie des plus beaux moments de modern classical de cette année. À écouter d'urgence!