Alpha Zulu

Phoenix

Glassnote Records – 2022
par Jeff, le 18 novembre 2022
7

Je pense pouvoir affirmer que tout le monde au sein de cette rédaction aime Phoenix – en tout cas, personne ne leur voue une détestation profonde. Aussi, on pourrait penser qu’un nouvel album du plus grand groupe français de pop devrait susciter un enthousiasme suffisant pour livrer un avis circonstancié dans les plus brefs délais. Mais il faut croire que son obstination à taper sur le même clou sape notre envie de savoir ce qu’il a encore dans le bide, et si celui-ci ressemble en 2022 à un sixpack ou à un dad bod. Alors si comme nous vous aviez des dossiers plus importants à traiter ces dernières semaines, ne tournons pas autour du pot : Phoenix persiste et signe.

Mais comment pouvait-il en être autrement quand on observe la trajectoire du groupe versaillais, plus inéluctable qu’une apocalypse climatique. La bande à Thomas Mars a toujours proposé un produit de la meilleure qualité possible, se faisant l’apôtre d’une pop aussi propre que les trottoirs de la ville qui l’a vue grandir, et dont les références se tartinent avec suffisamment d’élégance pour que l’on ne trouve rien à y redire. Passé l’émerveillement suscité par United, chaque album n’aura été qu’une variation sur le même thème : la pop 80’s sur Alphabetical, la pop italienne sur Ti Amo ou la pop à la sauce new-yorkaise de l’époque sur It’s Never Been Like That. Mais le fil rouge, lui, est toujours resté bien visible, avec une vénération pour Prince, Electric Light Orchestra, les Modern Lovers ou le Daft Punk de Discovery – des lubies qui n’ont jamais entravé la capacité du groupe à exister pour ce qu’il est aux yeux de ses nombreux fans. Et ce qu’Alpha Zulu s’évertue à nous faire comprendre, c’est que ces derniers sont de sacrés pourris gâtés, qui ont pour beaucoup arrêté de s’émerveiller devant tant de talent.

Ainsi, hormis une propension, heureusement non rédhibitoire, à convoquer des claviers par trop cheesy, Alpha Zulu enfile les perles pop avec cette habituelle aisance de façade, tant et si bien que rien sur ce septième album n’est dispensable – cela va de la plage-titre au refrain délicieusement régressif aux stroksien « Artefact » en passant par « Identical », certainement un des plus beaux morceaux du catalogue du groupe (et on en est d’autant plus convaincus que ce titre, écrit pour la B.O. d’un film de Sofia Coppola, colonise nos cerveaux depuis deux ans déjà). En réalité, on se demande surtout quand va s’arrêter cette carrière, dont on oublie parfois la brillance - il aura fallu le bien-nommé Bankrupt ! pour se dire que oui, ces types sont humains après tout. Ouf, dans tous les sens du terme.

Le goût des autres :