Dossier

Séries TV et musique: (tentative de) classement ultime

par Jeff, le 20 octobre 2014

11. Eastbound and down

Qualité de la Musique : 7,1/10
Utilisation de la musique : 6,5/10
Qualité de la série : 6,8/10
20,4/30

Des gros connards dans les séries TV, ce n’est pas ce qui manque. De Saul Goodman (dans Breaking Bad) à Ari Gold (dans Entourage) en passant par Christian Troy (Nip/Tuck), la télé américaine se nourrit de ces incarnations parfaites des pires traits de la nature humaine. Mais tout bien réfléchi, personne ne battra Kenny Powers, le personnage joué par Danny McBride dans la série HBO Eastbound & Down. Joueur de baseball raté et coké se croyant sorti de la cuisse de Jupiter, Kenny Powers est à la croisée des chemins entre deux concepts bien américains : le redneck et le trailer park trash. Quatre saisons durant, sa connerie (doublée d’une méchanceté crasse et / ou d’un égoïsme sans commune mesure) aura donné lieu à de grands moments d’hilarité et de WTF intersidéral. Vu le profil du personnage, on aurait pu imaginer une bande son alignant les beauferies ultimes. Si c’est parfois le cas, c’est régulièrement des standards du rock avec du poil aux couilles ou des badass-eries oubliées que l’on nous sert. Ainsi, ce sont des gens comme R.L. Burnside, Lee Hazlewood, MC5, The Slits, The Black Keys ou les Stooges qui donnent de l’ampleur et de la crédibilité à un personnage qui n’en aurait peut-être pas des masses si les choix musicaux étaient moins rugueux.

12. Entourage

Qualité de la Musique : 7,1/10
Utilisation de la musique : 5/10
Qualité de la série : 7,5/10
19,7/30

Forcément, quand le concept d’une série consiste à montrer l’envers du décor de l’industrie de l’entertainment hollywoodien, il convient de concocter un environnement sonore qui envoie au moins autant de rêve que les acteurs qui huilent à longueur d’année les rouages de cette impitoyable machine. Et cela, les créateurs de la série HBO qui suit la carrière Vincent Chase et de son entourage (son meilleur ami / manager, son pote / chauffeur, son frère / acteur de série à la recherche désespérée d’un second souffle, son psychopathe d’agent) l’ont très bien compris. Ainsi, la bande-son de chaque épisode enchaîne les titres d’artistes majeurs et vendeurs, à la coolitude certifiée, et au compte en banque souvent déjà bien fourni. En même temps, ces huit saisons où se mélangent coke, coups d’éclats et de pute, scandaleuses agapes, choix de carrière compliqués, bombes sexuelles en puissance (avec un big up tout particulier à la MILF ultime, Perrey Reeves) et guest stars de premier niveau (James Cameron, Martin Scorcese, Matt Damon et même cette souillonne de Sasha Grey) auraient tout de suite eu moins de gueule si elles étaient contées à travers le prisme d’une compilation des meilleurs titres de Bénabar. Après, on pourra toujours dire que si les choix musicaux étaient habituellement pertinents, leur intégration trop régulière en arrière-plan priva le spectateur lambda et pas spécialement mélomane de chouettes découvert

13. Misfits

Qualité de la Musique : 7,1/10
Utilisation de la musique : 6,9/10
Qualité de la série : 5,3/10
19,3/30

Misfits avait tout pour devenir une bonne série. Le thème éculé de l’homme ordinaire devenant super-héros, dans la lignée d’Heroes, mais revu au sein d’une jeunesse britannique déviante, l’idée était plus que séduisante. La vie de cinq adolescents venus purger leur ASBO (Anti-Social Behaviour Order, mis en place par Tony Blair dans le but de réhabiliter une personne au comportement jugé antisocial, que l’on peut rapprocher du travail d’intérêt général) bascule après un étrange orage leur conférant un pouvoir surnaturel. L’un peut devenir invisible, l’une peut entendre toutes les pensées, un autre peut remonter le temps. Ils peinent à maîtriser leur capacités naissantes et seront poussés, malgré eux, au crime. Suivront alors une pelletée d’ennemis inattendus, de scènes comiques, d’histoires d’amour et de cul. Le charisme des différents membres de la bande (le mystérieux Simon, l’hilarant et provocateur Nathan, la violente Kelly, l’affriolante Alisha et le tranquille Curtis) contribue grandement au succès de Misfits. Si la série s’est ensuite perdue pour devenir une parodie d’elle-même avec d’incessants changements de casting, des rebondissements écrits à la va-vite et une nette baisse d’inspiration, sa musique reste de bon goût jusqu’à la cinquième et dernière saison. Son générique d’abord, « Echoes » de The Rapture, au riff immédiatement reconnaissable. Comme Skins et The Inbetweeners, la tendance musicale impulsée par le NME se fait souvent entendre : Florence + The Machine, Justice, Hot Chip, La Roux, Kasabian ou encore Foals. D’anciennes gloires figurent aussi en bonne place : Echo & The Bunnymen, Massive Attack, DJ Shadow, The Cure, LCD Soundsystem ou encore Gil Scott-Heron. Plus que sa narration bancale et sa conclusion, ce sont bien la première bande de paumés et la qualité des playlist que l’on retient de la série d’E4.

14. The Inbetweeners

Qualité de la Musique : 6,5/10
Utilisation de la musique : 5/10
Qualité de la série : 7/10
18,5/30

The Inbetweeners, c’est avant tout une efficace sitcom britannique diffusée entre 2008 et 2010 sur la vie de quatre garçons pas vraiment dans le vent (renommée dans nos contrées Les boloss : loser attitude…) avant d’être un film. Les Dalton puceaux qui se rêvent stars du lycée ce sont Will l’intello un peu nul (qui est aussi le narrateur), Jay le petit obsédé mythomane au look lad avec sa frange et ses survêts, Simon le beau gosse timide et Neil, le grand dadais drôle malgré lui. Ils ne pensent qu’aux filles et à leur virilité naissante, sauf qu’évidemment, tous leurs plans pour s’encanailler finissent par foirer. Un American Pie à la sauce HP, pour grossir le trait. Durant trois courtes saisons (six épisodes chacune), de nombreux artistes encensés à l’époque par le NME se font entendre, et pour certains à plusieurs reprises : The Libertines, The Maccabees, The Wombats, Kate Nash, Arctic Monkeys, The Kooks ou encore Hot Chip mais aussi des valeurs sûres comme The Cure ou encore The Jam. Cette quatorzième place dans ce classement, The Inbetweeners la doit non seulement à sa joyeuse immaturité mais aussi à la qualité de sa bande son.

15. Gossip Girl

Qualité de la Musique : 7,25/10
Utilisation de la musique : 4,5/10
Qualité de la série : 3/10
14,75/30

Allez, il ne faut pas avoir peur de le dire : si tu es une gonzesse, tu as probablement regardé Gossip Girl en mode plaisir coupable, complètement love to love de Chuck Bass. Et si tu es un mec, tu es tombé sur ta moitié qui regardait ça en scred, tu t’es un peu payé sa tronche, puis t’as vu le boule à Serena Van Der Woodsen (ou à Blair Waldorf, ou à Vanessa Abrams), t’en as profité et comme un couillon, tu t’es laissé avoir par ces histoires d’embrouilles entre gosses de riche de l’Upper East Side new-yorkais et t’as même eu envie de terminer tes mails par des xoxo de zoulette. Si tu es dans le déni, reconnais au moins que les rares fois où tu as regardé, tu as entendu de chouettes petits trucs. Certes, des tubes de poche pour la jeunesse hipstérisée qui se sape chez Asos et suit aveuglément tous ces groupes adoubés par Hype Machine (et qu’au fond de nous on aime tous un peu), mais des tubes de poche quand même. Puis bon, y’avait le boule à Serena Van Der Woodsen (ou le sourire ravageur de Chuck Bass, ok les filles), et rien que pour ça, ça valait la peine de savoir qui était Gossip Girl – il a quand même fallu attendre cinq saisons, bordel.