Goûte, c'est du belge

Après une démo et un EP qui nous avaient laissé entrevoir le meilleur, on avait quelque peu perdu la trace de K-branding. Heureusement, le label bruxellois Humpty Dumpty nous l’a retrouvé et vient de publier Facial, le premier effort du désormais trio (sax/guitare/batterie). Au vu de ce que l’on connaissait du groupe, et notamment une prestation au festival de Dour 2007, on s’attendait à une production brute, crade et détonante. Il n’en est rien. Cependant, les membres de K-branding ne sont pas devenus pour autant des enfants de chœur, une écoute de Facial suffit pour appréhender le trip hypnotique dans lequel ils se sont aventurés.

Facial donc, un nom qui sonne comme une claque dans la gueule. Il y a de ça. De prime abord, ce qui ressort de cet opus, c’est sa dimension tribale. Un terme que l’on emploie souvent à toutes les sauces mais qui prend tout son sens à l’écoute de K-branding tant les influences du groupe y renvoient. Faisant le lien entre la musique afro-américaine, telle que le free jazz, et la musique industrielle, l’univers du trio bruxellois possède en son for intérieur une essence cathartique qui nous pousse littéralement jusqu’à la transe. Tout en renvoyant également à d’autres genres (ambient, expérimental, post-rock…), le corps même de ce Facial est donc composé de rythmiques fracassantes et de répétions infernales. Et alors qu’on y trouve à la fois quelque chose d’ancestral et de moderne, sans toutefois pencher à un quelconque moment pour l’un ou pour l’autre, les compositions de cet album se tournent littéralement vers le futur avec un son urbain qui leur est propre. Et qui se doit d’être écouté volume à fond. Au-delà du sentiment de puissance dégagé, l’opus est couvert d’une fameuse chape de plomb. Rien ne semble pouvoir percer l’obscurité qu’il y règne d’un bout à l’autre, pendant plus de quarante minutes. Au point de pouvoir provoquer une certaine angoisse dans le chef de l’auditeur. Poignant, prenant et percutant, Facial est un disque qui ne laisse guère indifférent. Que ce soit dans l’admiration ou le rejet.

K-branding n’en est peut-être qu’à son coup d’essai mais celui-ci présente déjà toutes les qualités pour être qualifié de coup de maître. Ne mâchons pas nos mots, rares sont les groupes, en Communauté française de Belgique ou ailleurs, qui atteignent un tel niveau dès leur premier effort. Certes, la maturation aura été longue mais Facial ressemble furieusement à un millésime. On en reprendra encore volontiers, jusqu’à l’excès. On voit mal comment l’on pourrait ne pas succomber.

http://www.myspace.com/kbranding