Ga Ga Ga Ga Ga

Spoon

Anti- – 2007
par Jeff, le 5 septembre 2007
8

En six albums pour la plupart impeccables, les Texans de Spoon sont parvenus à se construire une réputation en béton armé (particulièrement outre-Atlantique) et s’imposent aujourd’hui comme l’une des figures de proue du rock alternatif américain. La formation emmenée par Britt Daniels a été pendant longtemps l’un des porte-drapeaux de l’excellent (quoique plutôt calme dernièrement) label Matador et sort aujourd’hui sur Merge aux Etats-Unis et sur Anti- en Europe ce Ga Ga Ga Ga Ga au titre aussi ridicule qu’énigmatique.

Comme c’était déjà le cas sur le disque précédent (l’excellent Gimme Fiction), Spoon ouvre les hostilités sur un titre impeccable (« Don’t Make Me A Target ») qui en quelques secondes à peine met l'eau à la bouche de l'auditeur et synthétise surtout de la plus belle des manières l’approche artistique prônée par Britt Daniels et ses ouailles : rythmique lascive, riffs secs et voix tantôt délicate tantôt rocailleuse sont autant d’éléments qui font de Spoon l'un des groupes américains les plus intéressants du moment. Comme c’est souvent le cas, sous des dehors faussement brouillons (probablement dus à une production tout en simplicité) et légèrement dilettantes, Spoon accouche d’un rock broussailleux teinté de mélodies pop quatre étoiles. Les dix morceaux de Ga Ga Ga Ga Ga se révèlent rapidement être des parangons de concision au service de l’écriture impeccable d’un Britt Daniels en très grande forme. Et bien que Spoon délaisse à plusieurs reprises son terrain de jeu favori pour tenter quelques expérimentations rarement convaincantes (les cuivres dispensables de l'excellent « The Underdog » ou le piano fatiguant de « The Ghost of Your Lingers »), Ga Ga Ga Ga Ga n'en regorge pas moins de pépites de rock indépendant américain telles que « Don't You Evah » ou « Rthm & Soul » et à côté desquelles il serait tout bonnement criminel de passer.

Au final, hormis quelques écarts de conduite que l’on tolérera dans le chef d'un groupe possédant une telle classe et une telle intelligence, Spoon continue de tracer sa voie sans sourciller et risque fort de conserver jusqu’à la parution de son prochain effort ce statut d'oublié des couvertures des magazines et de chouchou des webzines tels que celui-ci.

Le goût des autres :
8 Nicolas 9 Maxime