El Turista

Josh Rouse

Bedroom Classics – 2010
par Jeff, le 16 juin 2010
5

Alicante et sa région, votre serviteur la connaît bien pour y avoir passé quelques mois de sa trépidante existence lors d'un séjour Erasmus placé sous le signe de la glandouille et de l'hédonisme. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que culturellement parlant, ce petit coin de soleil pas bien loin de Valence a autant d'attrait qu'un bon vieux Nouvelle-Zélande / Slovaquie. Surtout connu pour ses mamies allemandes qui exhibent sur les plages du coin leurs belles poitrines aux airs de gants de toilette, la région est également la terre d'accueil de Josh Rouse depuis 2005. Et selon toute évidence, notre homme ne semble ne pas souffrir du mal du pays. Il faut dire que c'est l'amour qui a éloigné Josh Rouse de son Amérique natale, et aujourd'hui, il semble couler des jours heureux avec celle qui est devenue son épouse et avec qui il avait même enregistré un EP au titre explicite en 2007 – She's Spanish, I'm American.

A peine arrivé en Espagne, Josh Rouse s'était fendu d'un Subtítulo joliment ficelé et qui ne laissait pas planer de doutes sur les intentions du songwriter: l'artiste comptait bien se laisser imprégner de l'ambiance décontractée qui règne dans son nouveau home sweet home. Forcément, venant d'un mec qu'on avait adoré sur des disques plus arrangés et travaillés comme Nashville, ce retour aux fondamentaux et cette décontraction à toute épreuve avaient de quoi désarçonner. Mais aujourd'hui, les fans du bonhomme ont eu suffisamment de temps pour s'habituer à ce nouveau style et El Turista doit être interprété le plus simplement du monde: ce nouvel album est une fois de plus l'œuvre d'un type tombé amoureux d'une région et d'une culture. Et même s'il est retourné à Nashville pour y enregistrer El Turista, le disque a bien été écrit en Espagne lui. Au programme, une folk-pop matinée de jazz et de rythmes bossa qui n'a pour seul atout de séduction son caractère attachant. Mais assez anodin, Subtítulo pose problème: l'effet de surprise dissipé depuis belle lurette, on a l'impression d'entendre un album au mieux sympathique, au pire d'une banalité pas possible, qui n'aurait certainement pas trouvé un distributeur si son géniteur ne s'appelait pas Josh Rouse. L'homme a du talent, c'est indéniable, mais on vraiment l'impression que sur El Turista, il pense plus à son petit plaisir qu'au nôtre. Ce qui fort regrettable, vous en conviendrez.