Subtitulo

Josh Rouse

Bedroom Classics – 2006
par Jeff, le 28 mars 2006
8

Ne trouvez-vous pas que les autoroutes de la communication sont incroyablement mal foutues. Alors qu'on nous renseigne à grands coups de publicités racoleuses et de liens parfois mensongers les innombrables chemins qui mènent au dernier microphénomène en date, c'est systématiquement la croix et la bannière pour arriver jusqu'à de superbes havres de paix. Aussi, probablement victimes de leur discrétion et de leur nature calme, les chances d'être privés d'un Luke Temple, d'un Winterpills ou d'un Josh Rouse sont grandes. Trop grandes.

La preuve, Josh Rouse est en déjà à son cinquième album. Mais après des années passées dans son Tennessee natal, sa vie (et corollaire plutôt logique, sa carrière) prend un tournant décisif en 2005 lorsqu'il décide d'aller rejoindre sa tendre et douce au fin fond de l'Espagne. C'est donc du côté de Altea, petite bourgade proche de Alicante (une ville plus connue pour ses discothèques grouillant d'Allemands beurrés que pour ses "folkeux") que Josh Rouse accouche dans le plus grand calme du successeur de Nashville.

Ecrit dès son arrivée sur place, cet album, qui ne verse pas dans les espagnolades scabreuses comme aurait pu le laisser penser son titre, flaire bon la Méditerranée. Empreint d'un minimalisme que le déménagement lui a imposé, Subtítulo se révèle être beaucoup plus aéré et dépouillé que son prédécesseur. Morceau ouvrant l'album et premier single, "Quiet Town" et ses airs de "Everybody's Talkin'" synthétise à lui seul et en trois minutes à peine l'esprit qui habite ce disque: on y entend sur dix titres un homme amoureux et heureux d'avoir quitté les Etats-Unis pour la quiétude et la tranquillité d'un "pueblo" espagnol. Car "Subtítulo" est indubitablement à l'image des conditions climatiques de la région: il a la douceur de cette brise légère et fraîche qui s'invite pour vous caresser le visage et la luminosité de ce soleil généreux qui inonde de sa chaleur ces maisonnettes blanches si pittoresques.

Attachantes comme celles d'un autre Josh (Ritter), les dix perles pop-folk de ce Subtítulo se dégustent sans modération, et témoignent d'une écriture simple et belle qu'ont inspiré à Josh Rouse les allées tranquilles de Altea. Notre homme n'emmène pas le visiteur dans son univers mais le laisse s'y inviter, rendant encore plus belle la surprise pour le conducteur égaré que j'étais et que vous ne serez bientôt plus.

Le goût des autres :
7 Nicolas