Devout

Mr. Mitch

Planet Mu – 2017
par Bastien, le 27 avril 2017
4

Trois années se sont écoulées depuis la sortie du Parallel Memories de Mr Mitch, devenu l'un des rares 'disque balise' de la scène grime instrumentale - et plus précisément de sa mouvance 'weightless grime' également incarnée par des gens comme Mumdance ou Logos. Et on appuie bien sur ce terme "instrumental" car le versant "rap" du genre a de son côté réalisé une percée inédite et imprévisible à la façon d'un Leicester saison 2015-2016 - on vous renvoie vers les albums de Skepta, Wiley ou Stormzy pour les piqûres de rappel. Pour faire simple, le grime instrumental s'est fait salement friendzoner pendant que les emcees ambiançaient tes copines.

Il faut dire que ces dernières années on est allés de déception en déception, au point d’éprouver une certaine aigreur à l’égard de ce courant. Nul besoin de vous pondre un nouveau pamphlet plein de venin, vu que les types n’ont pas eu besoin de nous pour continuer à s’enterrer. Mais au milieu de ce champ de ruines se dressait fièrement Mr. Mitch tel un Moundir brandissant son totem d’immunité et début 2017, l’annonce de Devout a eu tout de l’éclaircie au milieu de la grisaille grime. Il faut dire qu'entre les fameux edits (cet improbable mais imparable rework du "Blue" d’Eiffel 65), le lancement de Gobstopper Records (poke Iglew) et une mise en bouche savoureuse avec le planant « Priority » avec un featuring de la mitraillette P Money, tout était en place pour que Mr. Mitch réussisse là où beaucoup ont échoué: nous refaire bander devant un album de grime.

Mais vous le savez bien la vie est une pute. Et après un paquet d’écoutes, le verdict est implacable: il va falloir bouffer du Viagra matin midi et soir pour avoir ne serait-ce qu’une demi-molle à l’écoute de Devout. Loin des magnifiques arpèges de « Wandering Glaciers » ou du diamant brut « Don’t Leave » et son sample fou de Blackstreet, Miles Mitchell nous livre un album guimauve et salement creux. Des productions sans saveurs aux (trop) nombreux featurings qui évoque surtout le fond du panier du R&B, Devout se révèle être un douloureux périple au coeur de la médiocrité. Grands seigneurs, on sauvera tout de même du naufrage «Priority » et « Our Love ». Mais ça ne fait pas beaucoup, vous en conviendrez. 

Vous l'aurez compris: malgré toute notre bonne volonté, on a bien du mal à broder sur ce Devout en forme de coquille vide. La déception étant à la hauteur des attentes et du respect qu'on a pour l'Anglais, on n'a pas non plus la force de mettre une dernière petite rafale à l’ambulance. Au fond, ce disque n’a qu’un seul avantage, celui de nous renvoyer directement à l’écoute de Parallell Memories en pleurant ce nouveau rendez-vous raté avec le grime instrumental.