Datarock Datarock

Datarock

Nettwerk – 2007
par Jeff, le 29 juin 2007
7

Il existe sur cette terre une poignée de coins à propos desquels on est en droit de se demander si l’air qu’on y respire est bien le même qu’ailleurs. A titre d’exemple, comment ne pas citer la ville d’Athens, en Géorgie, qui a vu éclore un nombre impressionnant de grands groupes et artistes tels que R.E.M., Neutral Milk Hotel, Vic Chesnutt, Elf Power, The B-52’s ou Of Montreal. Depuis quelques années, la ville norvégienne de Bergen fait figure de contrepoids européen et peut également prétendre à ce statut de vivier de talents avec Röyksopp, Kings of Convenience, Sondre Lerche ou Annie. Datarock est le dernier avatar en date à émerger de cette scène norvégienne qui n’est jamais avare en bonnes surprises. Composé de Fredrick Saroea et Ketil Mosnes, ce duo actif depuis plusieurs années déjà se dit fan de Devo, des Talking Heads et des Happy Mondays.

De telles influences étaient à l’origine d’une musique placée sous le sceau du punk DIY. Toutefois, avec les années, nos deux camarades ont quelque peu élargi leur champ de vision et ont décidé de se débarrasser de leurs belles guitares pour les troquer contre des claviers et une groovebox. Le résultat fut le single « Computer Camp Love », un hommage vibrant aux nerds de cette terre et surtout un titre qui allait définir le « son » Datarock, à savoir un mélange détonnant de rock, de disco, de funk et d’électro.

Aujourd’hui, bien calés dans leurs magnifiques trainings rouges, les deux lascars de Datarock débarquent avec Datarock Datarock, un premier album qui décline à 13 reprises cette formule prétendument magique. Certes, le mélange proposé par les Norvégiens n’a rien de bien novateur et risque fort de les faire échoir par défaut dans la catégorie ‘new rave’, mais il ne s’en révèle pas moins fort efficace à plusieurs reprises. En alliant la noirceur de claviers et du rock à cet esprit festif et débridé qu’incarnait magistralement le disco ou le funk, le duo réussit à faire parler la poudre à plusieurs reprises. Ecoutez donc « Sex Me Up » (morceau grandguignolesque digne de Electric Six), « Fa-Fa-Fa » (qui sonne comme du Whitest Boy Alive sous acide) ou le faussement mou « I Used To Dance With My Daddy » et vous m’en direz des nouvelles…

Malheureusement, à trop vouloir jouer la carte de la caricature, Datarock se brûle également les ailes et frôle dangereusement avec la faute de goût caractérisée (notamment sur ce duo kitschissime avec la délicieuse Annie). Le duo n’évite pas non plus le remplissage sur un disque qui, s'il avait été un EP de six titres, aurait mérité un bon 8/10. Fredrick Saroea et Ketil Mosnes devront se contenter d’une note un tantinet inférieure mais pourront compter sur ma présence lors de leur passage cet été sur les scènes des festivals.

Le goût des autres :
5 Nicolas