Bring It On

Goose

Skint – 2006
par Jeff, le 20 décembre 2006
7

Trouvez l’intrus dans la phrase suivante: Goose est un groupe belge signé sur le label anglais Skint dont on commence à parler un peu partout dans des termes souvent élogieux et qui déjà partagé la scène avec des groupes aussi estimables que Digitalism, Lo-Fi-Fnk ou The Young Knives. Alors, quel est-il ce mot qui fait légèrement tache ? «Belge» bien évidemment. En effet, beaucoup de groupes du Plat pays voient leur carrière se scléroser en raison d’un manque évident d’ambition ou d’une volonté toute aussi évidente de la part du label, lui aussi atteint d’un malheureux complexe d’infériorité, de faire tourner son petit protégé dans la moindre foire au boudin que compte la Wallonie ou la Flandre. Du côté de Goose, on a préféré ne pas sombrer dans le fatalisme et préféré jouer les cartes « reconnaissance internationale » et « exposition maximum » avant toute chose, quitte à signer sur un label un tantinet ‘has been’ (Skint, surtout connu pour avoir lancé le big beat) et à vendre deux de ses morceaux à Coca-Cola et Heineken. Car si ces deux démarches leur vaudront certainement quelques commentaires railleurs ou critiques, il n’empêche que ces quatre jeunes gars de Courtrai gèrent à merveille une carrière qui semble ces derniers temps véritablement décoller.

Formé en 2002, le groupe fut, comme Das Pop ou Evil Superstars avant eux, le grand gagnant du Humo Rock Rally - un concours de jeunes talents organisé partout en Flandre. Et alors qu’au lendemain de leur victoire, les vainqueurs voient généralement les labels avides d’un succès aussi rapide qu’éphémère se presser à leur porte, nos amis de Goose ont préféré prendre leur temps. En fait, le guitariste du groupe, Dave Martijn, n’a pu résister à une autre offre extrêmement alléchante que lui ont faite les frères Dewaele: arpenter les routes de Belgique et d’ailleurs pour aider Soulwax à défendre son Nite Versions. De cette longue escapade, le jeune homme est rentré la tête pleine de souvenirs mais surtout d’idées, notamment celle de délaisser quelque peu les guitares pour titiller les machines - comme allait justement le faire Soulwax avec son album rose.

Car il est une constatation qui s’impose rapidement à l’écoute de Bring It On: chez Goose, on n’aime pas Soulwax… on adore! On adore tellement que l’on n’hésite pas à adopter un certain mimétisme en termes d’orientation professionnelle. La preuve irréfutable de cette affirmation est le morceau bonus de Bring It On, «Audience», qui est en fait le premier single sorti par le groupe il y a plusieurs années. A l’époque, Goose, comme le grand frère Soulwax, n’avait que peu de considération pour les machines. Pourtant, en quelques années, le moins que l’on puisse dire, c’est que le changement fut radical. Et à l’instar du groupe gantois qui s’est racheté une conduite grâce à un Nite Versions explosif qui a rapidement relégué le faiblard Any Minute Now aux oubliettes, Goose a décidé d’insuffler à ses compositions une sévère dose d’électronique pour les transformer en petites bombes électro matinées de rock, de punk ou de pop. Cela donne des titres qui ne s’encombrent que peu d’artifices et prennent rapidement la forme d’invitations à la danse. Qu’ils soient instrumentaux (l’imparable « Black Gloves » ou « Check ») ou portés par la voix de Mickael Karkousse (« Bring It On » ou « British Mode »), les douze titres de Bring It On frappent fort … mais également juste.

Ne cherchez surtout pas une quelconque sophistication dans la musique de Goose car elle n’en contient pas. Evidemment, dans un tel cas de figure, la frontière entre boum-boum putassier et machine à danser est plutôt maigre. Heureusement pour nous comme pour Goose, c’est du bon côté de la ligne que se trouve le groupe. Que la fête commence…

Le goût des autres :
7 Laurent_old 7 Nicolas