A Remix Selection

Black Strobe

Playlouder – 2007
par Jeff, le 2 mars 2007
8

Black Strobe est un bien beau jouet. Mais comme tous les beaux jouets, ses propriétaires n’aiment pas le partager. C'est exactement l'impression que nous laissent le producteur Arnaud Rebotini et le DJ Ivan Smagghe lorsqu’ils s’amusent avec Black Strobe. En live, le premier le transforme en un véritable rouleau compresseur carburant à Nine Inch Nails, à Nitzer Ebb et à la testostérone tandis que dans la pénombre d'un studio, le second en fait une imparable machine à danser comme en témoignent des titres aussi imparables que « Italian Fireflies », « Me and Madonna » ou « Chemical Sweet Girl ».

Alors qu’un premier album que le groupe annonce déjà comme rock devrait débarquer dans les mois à venir, les deux Français qui décrivent leur musique comme « la face cachée du disco, du frozen-balearic, de la gay biker-house, de la boogie-trance, de la heavy-electronica et du soft-goth », ont décidé de compiler les remixes qu’ils ont effectué depuis de nombreuses années - jusque-là uniquement disponibles en maxi - et d’ajouter à tout cela une version inédite de l’un de leurs titres.

L’album s’ouvre donc sur le remix de « Shining Bright Star » dont s’est fendu Phones pour le duo. Derrière cet énigmatique pseudonyme, on retrouve en fait Paul Epworth qui est surtout connu pour avoir donné un son puissant et facilement identifiable à une armada de groupes aujourd’hui salués (ou décriés, c'est selon) comme Bloc Party, Maxïmo Park ou The Rakes. On avait déjà apprécié les réécritures de Phones du « Banquet » de Bloc Party ou du « All Sparks » de Editors et on risque fort de tomber sous le charme de ce titre percutant à souhait qui, tout en s’éloignant de l’original, conserve le caractère sombre et angoissant qui habite les compositions de Smagghe et Rebotini. De noirceur et de névrose, il va bien sûr en être question sur les neuf titres que compte A Remix Selection. Toutes aussi imparables les unes que les autres, les compositions de Black Strobe frappent fort et sont autant de missiles balancés sur des pistes de danse qui ne demandent que ça. Mélangeant intelligemment leurs influences EBM, new wave et techno (pas étonnant que le groupe se soit attelé à remixer superbement Depeche Mode) aux styles propres à chacune de leurs victimes (le dance punk de The Rapture, l’électro de Tiefschwarz ou le métal de Rammstein), Smagghe et Rebotini se surpassent et accouchent de versions régulièrement supérieures aux originaux.

L’écoute de A Remix Selection est tellement jouissive qu’une fois les dix titres terminés, il est fort probable que votre corps en demande plus. En fait, on en viendrait presque à regretter que Black Strobe n’ait pas inclus dans cette sélection impeccable sa version écrasante du « The World Is Mine » de l’insupportable David Guetta, un titre qui prouve combien le duo parisien est capable de s’approprier l’univers d’un des pires producteurs au monde pour le magnifier et en faire une machine rutilante et crasseuse que rien ne semble en mesure d’arrêter.

Le goût des autres :
6 Nicolas