Way To Normal

Ben Folds

Sony – 2008
par Popop, le 15 février 2008
6

C’est vraiment la crise pour tout le monde ! Même les artistes s’y mettent, c’est vous dire… Non, rassurez-vous, Ben Folds n’a pas joué toutes ses économies en bourse, il traverse simplement une énorme crise… d’adolescence ! Je vous le concède, c’est tout de même mieux que la crise de confiance traversée il y a quelques années avec son deuxième album solo, le franchement tristoune Songs For Silverman. Mais toujours est-il que le père Ben nous fait sa crise d’ado tardive : il ne se lave plus les cheveux, dit plein de gros mots, tape fort sur son piano et crie sa haine de la société et de la femme qui l’a plaqué. Encore un peu et il va nous faire une nouvelle poussée d’acné…

Le trait est un peu exagéré, mais il est difficile de voir dans Way To Normal autre chose qu’un disque à l’énergie juvénile, gonflé aux amphétamines et un peu creux. A l’image d’un hyperactif qui s’agite dans tous les sens pour rester sous le feu des projecteurs (toute ressemblance avec un président en activité serait fortuite), le talentueux pianiste a choisi l’option « rouleau compresseur » sur les trois quarts du disque pour un résultat inégal. Si "Effington" ou "Dr.Yang" peuvent rappeler par certains aspects les meilleures heures de feu-Ben Folds Five, on ne peut pas en dire autant de ces mauvaises blagues potaches que sont "Errant Dog" ou "Bitch Went Nuts". Pire, la tentative de clin d’œil à Elton John, idole de toujours, sur « Hiroshima » alterne entre plagiat et incivilité.

Finalement, c’est quand il baisse le niveau sonore d’un cran et fout son groupe de potes à la porte de sa garçonnière que Ben Folds fait mouche, comme sur la déchirante ballade "Cologne". Mieux encore, quand Benji rencontre Reggie (Regina Spektor) sur "You Don’t Know Me", on se retrouve avec ce qui se fait de mieux ces jours-ci en matière de pop américaine. Les fans sont donc prévenus, il y a à boire et à manger sur ce troisième disque, un poil meilleur que son prédécesseur mais tellement en deçà de ce que l’on est en droit d’attendre du bonhomme. Prochaine étape : la crise de la quarantaine…