La mort de la Fabric confirmée cette nuit par le conseil municipal d'Islington

par Jeff, le 7 septembre 2016

Réuni hier pour discuter de la révocation de la licence d'exploitation de la Fabric (pour rappel fermée suite à deux décès 'drug related' dans le club), le conseil municipal d'Islington a rendu son avis après de longues heures de discussion et a été assez clair dans sa décision et dans l'opinion qu'il se faisait de la Fabric. Morceaux choisis :

"A culture of drugs exists at the club which the existing management and security appear incapable of controlling. This subcommittee has considered adding further conditions, but has come to the conclusion that this would not address the serious concern that they have with management of the premises."

"Staff intervention and security was grossly inadequate in light of the overwhelming evidence that it was abundantly obvious that patrons in the club were on drugs and manifesting symptoms showing that they were. This included sweating, glazed red eyes and staring into space, and people asking for help.”

En gros, malgré les promesses du club de revoir sa politique de sécurité (pourtant déjà extrêmement lourde), malgré le soutien des artistes et malgré les 140.000 signatures de la pétition sur change.org, le conseil municipal d'Islington s'est montré inflexible et a asséné un coup dur de plus à une nuit londonienne qui, derrière ses airs d'industrie florissante, tire sacrément la gueule. 

Entre des fermetures causées par la gentrification express de certains quartiers, l'incompréhension de toute une culture par la classe politique et des mesures de plus en plus drastiques imposées aux clubs, c'est toute un pan de l'underground qui est aujourd'hui remplacé/menacé par une forme de clubbing édulcorée, bankable et respectueuse du sommeil de nouveaux riches qui ont claqué des centaines de milliers de livres sterling pour s'offrir quelques dizaines de mètres carrés dans des quartiers vidés de leur âme.

Et bon, on peut comprendre que faire de la Fabric un exemple, c'est du pain béni pour des élus soucieux de défendre une politique 'dure' à l'égard de ces jeunes qui se droguent à longueur de nuit dans ces lieux de débauche où tous les pires excès sont permis. Ce qui révèle évidemment d'une hypocrisie crasse quand on connaît la propension de l'Anglais de base à se bousiller la santé (quand il ne perd pas la vie) en raison d'une consommation démentielle d'alcool. Par ailleurs, on sait ce qu'il est advenu de l'Haçienda et on imagine qu'il y a des promoteurs immobiliers aux dents longues qui rêvent de penthouses dans ce lieu emblématique et incontournable du clubbing mondial et mondialisé.

Bref, si notre seul et unique passage à la Fabric ne nous a pas laissé un souvenir impérissable (trop d'attentes peut-être, trop d'encadrement aussi), la disparition d'un lieu aussi emblématique et respectable nous file quand même un gros coup de blues. Sans parler des 250 personnes employés par le club qui voient leur avenir proche s'assombrir...