I Like It Like That - Fania Remixed

Habitué à naviguer entre rock, musiques électroniques, folk et autres genres majoritaires, l’auditeur lambda ne s’attaquera que rarement à ce genre trop méconnu qu’est la salsa. Sûrement due à une surabondance de clichés dévastateurs, cette méconnaissance se voit renforcée par les déformations que cette musique a connue pour devenir finalement une bouillie infâme et réductrice. Un retour en arrière s’impose. Née au début des années soixante au cœur de New-York, la salsa est le fruit de la rencontre entre les rythmes latins que les immigrés sud-américains emportèrent au creux de leurs poches et les musiques noires-américaines qui sévissaient déjà au cœur de la Grosse Pomme (principalement le jazz et le blues). De ce croisement populaire est née la salsa. La logique voulait que cette musique se trouve rapidement un mécène capable de fixer pour l’éternité ce nouvel élan de créativité. C’est précisément ici que le label Fania intervient.

Finalement, Fania est à la salsa ce que Motown est à la soul music ou Blue Note au jazz, à savoir une plaque tournante qui a su catalyser, et retranscrire dans la foulée, les premiers frissons d’un genre musical naissant. I Like It Like That  vient remettre les pendules à l’heure en compilant les quatorze titres les plus recherchés (et bien évidemment depuis longtemps sold out) de cette écurie mythique. Une économie de temps autant que d’argent (certains vinyles valant une petite fortune à l’heure actuelle) qui tombe à point nommé à l’heure où le label fête dignement ses quarante-cinq bougies , l’occasion rêvée d’entrer dans le cercle fermé des grands créateurs d’une musique en tous points enivrante.

Quatorze titres d’une rare limpidité, incarnant à eux seuls le bouillonnement créatif  qui habitait ces quelques quartiers de New-York. L’urgence du moment, là où le génie règne dans chaque note jouée, fait de cette mouvance une mine d’or pour tout amateur de musique qui se respecte. Mais cette salsa-là est avant tout la résultante d’un croisement tant circonstanciel qu’extrêmement productif : cette musique qui préfigurera le disco ou le hip-hop transpire les grandes divas soul, le jazz fougueux, le blues intimiste et le funk endiablé. Une véritable explosion des genres qui trouve son point convergent dans ces cinq lettres à encadrer au panthéon des grandes révolutions musicales du siècle dernier. D’ailleurs, le deuxième disque de remix qui accompagne ces quatorze titres originaux (qui se trouve en réalité être le disque principal) ne parviendra jamais à retranscrire la fraîcheur et le plaisir ressenti sur la deuxième galette, et ce, malgré un casting impressionnant (entre autres le génial Dj Format, Bugz In The Attic, Bonde Do Role, Sinden ou encore Gotan Project), le tout tournant essentiellement autour d’une house pâteuse sans réelle plus-value.

On tient donc ici une véritable perle qui ne se bornera pas à sa seule vocation historique, conscients que cette tranche de l’histoire musicale se veut encore et toujours d’une actualité féroce à en voir le revival disco et funk qui fait rage ces temps-ci. Une véritable leçon de musicalité qui se veut un must-have pour les amateurs de musique que vous êtes.