Hyperdub 10.1

Various Artists

Hyperdub – 2014
par Simon, le 12 juin 2014
8

On ne doutait pas un seul instant que la structure anglaise fête un jour ses dix ans d’existence, on n’a simplement pas vu les choses venir. S’il est aujourd’hui exceptionnel de pouvoir fêter dix années de militantisme dans des circonstances aussi heureuses, on soulignera surtout que, malgré le poids des années, le visage de cette beauté ne prend pas une ride. Un mélange d’omniprésence - Hyperdub demeurant toujours au-dessus de la chaîne alimentaire uk bass music – et de choix troublants qui amène la team de Kode9 à se poser, une fois de plus, en figure de proue arrogante. On pourrait arrêter la chronique ici, vous renvoyer à ce qui avait été dit pour la compilation-anniversaire sortie il y a cinq ans, cela reviendrait à peu de choses près au même. C’est peut-être là le plus grand exploit de la structure : réussir en appliquant les mêmes choix, en faisant de la rigueur et de l’obtus des trucs cools.

Tuer des chimères, sans cesse, pour imposer l’art de l’entre-deux, de la culture musicale toujours instable. Une mission difficile qui a poussé la structure à recruter tout ce qui pouvait encore faire bouger des culs et des têtes sur les cendres d’un passé bass music heureusement enterré. L’art de casser les codes (qu’on parle de post-dubstep, de footwork ou de musiques percussives, tout simplement), de ne respecter le passé que pour mieux dépasser le présent. Plus que le label qui a rapidement assumé ses véritables envies post-dubstep (avec Skull Disco ou Mordant Music), Hyperdub est devenu cette espèce de monstre qui cristallise l’obsession du futurisme et de la projection. Avec tout ce que cela implique : des tentatives plus ou moins heureuses aux longueurs inévitables en passant par une foule de coups de génie.

Hyperdub, c'est un programme extrêmement expérimental dans ses bases, et une réussite qui doit tout à l’absence de limites qui anime tout producteur (et ils sont nombreux) passant les portes du label. L’art de travailler comme des laborantins, de jeter aux lions tous les genres (post-dubstep, techno, house, dub ou footwork) pour aller de l’avant. Ne rien faire comme les autres, avoir à tout prix un temps d’avance sur les modes et les instincts. Alors évidemment qu’on prend rendez-vous pour fêter les quinze ans de la structure, ça ne fait pas un pli - même si quatre compilations sont prévues cette année, pour un anniversaire digne d’une célébration dans la Rome antique. Même qu’on peut déjà imaginer à quoi cela ressemblera : on sera surpris tout en ne pouvant pas s’empêcher de se dire que c’est du Hyperdub tout craché. Hyper en avance, hyper rugueux et hyper cool.