5 : Five Years Of Hyperdub

Various Artists

Hyperdub – 2009
par Simon, le 2 novembre 2009
9

Mars 2005. Un orage traverse le ciel londonien l’espace de quatre titres. Leurs noms : «  South London Boroughs », « Southern Comfort », « Broken Home » et « Nite Train ». La machine Burial venait de lâcher son premier EP. Les moins éclairés parlaient de trip-hop, tandis que ceux mis au courant des nouvelles du front anglais savaient déjà que ce virus portait le doux nom de dubstep. Et alors que la vieille Europe prenait connaissance d’un des plus grands phénomènes électroniques de ce début de siècle, le laboratoire Hyperdub était déjà là à sa neuvième expérimentation (composées exclusivement d'EP concoctés par le boss de l’écurie Kode9, accompagné de son chien de garde The Spaceape). S’en suivit le premier album éponyme de l’anonyme Burial, puis le premier album du duo suscité (Memories Of The Future). Hyperdub venait d’accomplir la première phase de son envahissement.

La seule constante du label était de ne ressembler à personne, quitte à former une microsociété de producteurs dont les réalisations seraient, certes étiquetées dubstep, mais avant tout marquées du sceau Hyperdub. Être à la fois un phare au cœur des premiers balbutiements du genre tout en acceptant de ne jamais représenter totalement l’ensemble de la scène, voilà bien le pari du label. Et sorties après sorties, EP après EP (la sortie d’albums s’étant limitée au deuxième album de Burial), l’entreprise a pris de la consistance : les pontes du genre (Mala, Martyn, Flying Lotus, LD, The Bug) signent des deux mains pour proposer un de leurs titres, tandis que les jeunes loups (Zomby, Rustie, Quarta330, Ikonika, Cooly G et autres Joker) y ont trouvé une place de luxe pour y faire leurs dents en toute sérénité.

Et dans cette recherche permanente du décalé, du nouveau, Hyperdub ne s’est jamais trompé : le label a su mieux que quiconque ingurgiter le crunk, le grime, le dancehall, le hip-hop « wonky », le reggae, la techno, le 8-bit ou la techno pour les recracher sur des beats two-step et sur des montagnes de subs. Mais le must semble être finalement d’avoir sans cesse privilégié la qualité à la quantité, car l’inédit perd souvent à devenir commun par de trop grosses envies d’expansion. C’est sûrement pour cela que la pandémie Hyperdub ne s’est jamais vraiment arrêtée, brisant les frontières musicales et territoriales comme elle trouve de nouveaux genres musicaux à exploiter.

Cette double compilation-anniversaire est le résultat de cinq années de choix judicieux, cinq années où la passion n’a jamais faibli, même devant les assauts de ceux qui prennent le dubstep pour une nouvelle mode, réduisant son histoire à un parasitisme de la drum’n’bass, du dub et de la jungle (voire de manière plus simpliste encore, à un trip-hop 2.0). 32 titres, voilà qui devrait vous prouver la pertinence de ce mouvement, en compagnie d’un label, qui avec quelques autres (et on pense essentiellement à Tempa, Planet Mu ou Tectonic Records), reste une lanterne fidèle pour mieux se guider au cœur de la galaxie électronique anglaise. Le meilleur étant finalement qu’à ce stade, nul ne sait encore comment pallier à ce virus. Masterpiece.

Le goût des autres :
9 Julien Gas 8 Jeff 8 Thibaut