Doldrums

Chester Remington

Le Cèpe Records – 2022
par Nico P, le 4 mars 2022
9

La première écoute fut innocente. Une pochette intrigante, ce pigeon habillé d’un ciré jaune, et ce nom, réminiscence de quelques amours rock des années 2000, auront suffi à titiller nos sens, et notre envie d’en savoir plus. Nous ignorons alors qui se cache derrière ce pseudonyme (un groupe ? Un solitaire ?), leur nombre, leur nationalité, leur objectif.

La deuxième écoute fut véritablement la première. Celle de la rencontre. Chester Remington donc, projet de la scène rock rémoise, dont Doldrums est le deuxième EP, successeur du (bien ou mal, ce n’est pas à nous de le dire, mais reconnaissons que nous étions totalement passé à côté) nommé Nobody Cares About My 4 Tracks Record, et d’une reprise plutôt plaisante, voire amusante, du “Where Is My Mind” des Pixies.

Doldrums. Six titres. Six titres cultivant l’urgence comme moteur, la mélodie comme nerf sensible. Six titres qui, à l’image du single “Out There”, commencent ici et terminent là-bas, dévient pour sans cesse surprendre, trompant l’ennui poli de compositions pop-rock, format fermé par excellence, pour y injecter une dose de bordel savamment diluée. En 24 minutes et 29 secondes, Chester Remington, sans réinventer la roue, la fait tourner un peu plus vite que les autres. Il y a chez eux quelque chose de vital, une envie de gueuler ses vérités (“Don’t Say Shit”), de s’amuser avec la forme (“If He Answers”, sans aucun doute l'une des plus belles réussites du disque).

L’EP, qui évoque et inspire ici plus de choses que bien des albums entiers, se clôt avec “Beach”, merveille absolue de composition habitée, embrassant le chaos. Du rock’n’roll donc, ce truc un peu naïf, forcément sale, plus vraiment populaire. Mais ici sublimé.