Death

Teitanblood

Norma Evangelium Diaboli – 2014
par Simon, le 14 juillet 2014
8

Les musiques metal ont beau être marquées par une certaine idée de la violence, elles n’ont jamais empêché des réflexions profondes sur le cadre dans lequel elles évoluent, sur les sentiers qu’elles empruntent pour faire passer leur message : prenez la carrière tortueuse d’un Tom G. Warrior (Hellhammer, Celtic Frost, Triptykon), les fantasmes black metal, l’impact d’un Black Sabbath ou l’avènement historique du trash-metal. Les axes de lectures se comptent par centaines et montrent, finalement, que rien ne distingue le metal des autres musiques sur le plan de la réflexion. Et parfois, c’est l’inverse, le metal propose ce qu’il y a de plus terre-à-terre, en rappelant que ta conscience est aussi à l’aise dans le fond ton cul que dans tes tentatives d’intellectualiser la chose. Les deux Espagnols de Teitanblood, c’est exactement ça : un gros coup dans la gueule, une brutalité sans faille et un contenu qui laisse peu de place aux ronds de jambes.

Sur cette description, on pourrait s’attendre à une grosse décharge de grindcore mais c’est une autre évolution qui trace les contours de ce Death déglingué : du gros black/death de pourceau sorti de sa cave. Ce deuxième album, c’est l’histoire d’un flux continu de violence, grasse et aiguisée, qui tape avec une délicieuse noirceur. Ca beugle, ça blaste, ça joue vite et ça se lance dans des soli insensés. Et surtout, ça ne s’arrête jamais pendant 70 minutes d’affilée (oui, c’est affreusement long, en plus). De quoi crever dix fois en une écoute. Si le ton est simpliste, il ne faut pas commettre l’erreur d’y voir un disque basique. Death est même un disque aux qualités nombreuses: de l'écriture en étages, au paradoxe de l’ultra-violence primaire montée en château de cartes (certains titres atteignant le quart d’heure, ça aide) en passant par les constructions finalement épiques. Imaginez Napalm Death s’appliquant à composer comme Mastodon.

Il n’en reste pas moins qu’on a, une fois de plus, essayé d’ajouter de la conscience à tout ce bazar ; là où on aurait pu tout simplement conseiller ce disque à tous ceux qui prennent plaisir à se faire chier dans la bouche. Que tu sois fan de l’ésotérisme du black-metal, de la rapidité du trash, du rapport au corps imposé par la musique noise ou du côté bestial du death-metal, tu trouveras dans ce disque de Teitanblood suffisamment de boue pour être souillé jusqu’aux fêtes de fin d’année. Et les amateurs savent qu’il s’agit là d’un sensation délicieuse.