B'lieve I'm Goin Down...

Kurt Vile

Matador Records – 2015
par Pierre, le 29 septembre 2015
9

A la rédaction de GMD, on n’a jamais caché notre amour pour Kurt Vile. Déjà parce que le bonhomme cache derrière ses (très longs) cheveux un talent immense et puis parce que Kurt Vile, c’est le type avec qui on aimerait tous être pote. La définition du cool en quelque sorte, une espèce d’aura à la Mac DeMarco. Car sous ses airs d’ado attardé, Kurt Vile est un véritable artiste qui n’a jamais travesti son art pour amasser du fric et partir se toucher la nouille sur une plage. Alors forcément, on a toujours un peu les jambes qui tremblent au moment d'appréhender un nouvel album du natif de Philadelphie.

Premier constat, simple: B’lieve I’m Goin Down... tient toutes ses promesses. On y retrouve toujours ce folk mêlé au blues, cette musique d’une classe et d’une élégance folles, ainsi qu’un Kurt Vile plus contemplatif et mélancolique que jamais. Ecrit majoritairement de nuit, l’album fait la part belle aux guitares tressant des arpèges rêveurs sur lesquels s’impose sans forcer le génie du songwriter. 

Pourtant, Kurt Vile est une énigme: comment cette voix fondamentalement imparfaite parvient-elle à nous toucher de la sorte ? Ecoutez donc l’intimiste "Stand Inside", peut-être la plus belle chanson de sa discographie. Jamais démonstrative, la musique du chevelu n’en reste pas moins fascinante. Solitaire, le bonhomme se montre à fleur de peau et nous pond des mélodies magnifiques avec une aisance folle. On avait déjà succombé à la pop nonchalante de "Pretty Pimpin", et on adhère tout autant quand Kurt Vile se la joue brigand du Far West avec son banjo ("I’m an Outlaw"), retrouvant alors les influences bluegrass paternelles. Pari risqué, même l’instrumental "Bad Omens" sonne comme du Neil Young et s’en tire honorablement, assez pour ne pas nous perdre en chemin. Et on se surprend alors à chérir les imperfections de l’album, à l'image du final quasi-psyché de l’espiègle "Lost My Head There".

Vous l'aurez compris, tout est mis en oeuvre pour faire de B’live I’m Going Down... un album attachant, à l'image de son géniteur, qui joue désormais dans la cour des très grands. Parce que tant qu’il y aura en ce bas monde des types comme Kurt Vile, la musique se portera bien. Portons-lui un amour infini. 

Le goût des autres :
7 Maxime 7 Yann