Seventynine

Mirko Loko

Cadenza – 2009
par Simon, le 28 septembre 2009
6

Il est assez étonnant de voir Cadenza sortir de longs formats. Non pas que le label suisse ne soit pas au top de sa forme, mais bien parce que la house/deep house/minimal de l’équipe se plaît extrêmement bien sur le format traditionnel de l'EP. Mirko Loko ne s’encombre point de toutes ces considérations et plonge directement pour ses débuts dans une aventure pour le moins risquée. D’autant plus risquée que les choix musicaux du Suisse tranchent avec la vision sonore actuelle de son label. Car Cadenza est maintenant connu pour être le label qui aligne les tubes de tech/house charnelle les uns après les autres, conservant une approche très sud-américaine du genre et couchant le tout sur une attitude très minimale. Mais si ce constat est aujourd’hui incontestable, il ne faut jamais oublier que cette écurie nous a autrefois arrosés d’un son autrement plus rêche et aride, qui rendait l’approche plus rigide et sensiblement plus difficile (vous trouverez une illustration exhaustive de mon propos dans l’excellente rétrospective du label Cadenza Contemporary 01 & Classics).

De cette époque ou les Lee Van Dowski, Alex Picone et autres Quenum faisaient la loi, il ne reste que le groove mécanique, le retour au premier plan d’un Reboot ou du boss Luciano ayant largement contribué à amener Cadenza à un niveau encore supérieur. Mirko Loko choisit donc la voie originelle et nous gratifie d’une techno/house minimale sans détour, rugueuse et frontale. Et sur cette mécanique binaire, il est coutume selon les textes d’origines du label d’y adjoindre des samples intrusifs, déposés franchement sur les avalanches de grooves, sans trop de considérations de cohérence. Sur papier cela fait peur, le résultat n’en est pas moins puissant. Cette puissance-là décolle avec des monstres tels que « On Fire » ou encore le vicieux « Tahktok » (dont les vocaux d’enfants feraient baver sans mal un Villalobos). Mais le problème n’en reste pas moins récurrent, une fois les percussions absentes et les samples moins incendiaires, le doute s’installe et on laisse simplement passer le titre en l’attente d’un gimmick salvateur, qui souvent ne viendra pas, au profit d’une avancée bien trop dirigiste et forcément moins passionnante. Alors on se retranche si nécessaire sur la puissance intrinsèque de chacune de ces pistes, mais c’est alors qu’arrive le deuxième écueil annoncé : l’inutilité totale des interludes, qui cachent mal leur seule vocation à remplir le disque entre deux maxis sulfureux.

A ce prix-là, on ne cachera pas notre repli immédiat vers un Gabriel Ananda, qui, avec Bambusbeats, avait su assumer l’isolement de ses tracks minimal/house tout en conservant un esprit d’ensemble inégalé sur long format. Mirko Loko s’est lancé avec bravoure dans la bataille, nous a donné quelques gros frissons (et de sérieux même) mais il n’arrive pas à passer le cap du bon disque pourtant dispensable à force de traîner la patte au cours d’un disque trop long. Dommage.