Nuits Weekender du Bota : suivez le guide!
Fort d’une belle première édition en 2024, Le Botanique réitère l’expérience des Nuits Weekender cette année. Du 31.10 au 02.11, cet équivalent automnal des Nuits Bota (ou une version moins parisiano-clinquante du Pitchfork Music Festival) fera le temps d'un weekend la part belle aux découvertes, sans oublier quelques têtes d’affiche déjà bien installées dans le paysage. Du sophistiqué au minimalisme en passant par du plus popisant, il y en aura d’office pour tous les goûts. Et si on aurait tendance à vous conseiller d’entrée de jeu d’aller subir une descente d'organes devant Sunn O))) ou The Bug, l’équipe de GMD s’est penchée sur les plus petits caractères de l’affiche afin de vous aider dans vos choix ce weekend.
Annahstasia (31.10 – 19h30 – Museum)
Annahstasia c’est surtout une voix. Et s’il ne faut pas nécessairement y voir une volonté de réduire la musique de cette folkeuse californienne à ses seules prestations vocales, il est en même temps fort compliqué de passer à côté, d’ignorer la place qu’elle prend dans sa musique. Car oui, avec des inflexions qui la rapprochent tantôt de Nina Simone tantôt de Tracy Chapman, la voix d’Annahstasia Enuke dicte sa loi, avec un gant de velours et sans main de fer. Avec les températures que l’on connaît ces jours-ci en Belgique on ne risque pas de voir les poils qui se hérissent sur vos avant-bras. Par contre on aura aucun mal à vous voir chialer, just saying.
Momma (31.10 - 20h15 – Orangerie)
Si on avait reçu un euro à chaque fois qu'on nous survendait un groupe indie fadasse qui "puise son inspiration et son empreinte sonore dans les 90's", GMD aurait ses bureaux dans une boule de l'Atomium. Concernant Momma, nul besoin de s'inquiéter de s'être fait berner par la puissance dévastatrice de la nostalgie slacker tant la qualité du songwriting parle pour elle-même. Les mélodies sur leur petit dernier Welcome to My Blue Sky sont tellement lourdes que tu ne peux pas les deadlift et la production pop ultra léchée sans pour autant manquer d'âme. Pour les fans de photos fisheye, de portefeuilles à scratch et de bracelets d'amitié.
Yves Jarvis (31.10 – 21h00 – Museum)
Officiant dans un registre soul / jazz et toujours funky, le Canadien Yves Jarvis semble disposer de tous les cheat codes nécessaires pour capter l’attention d’un auditeur qui, a priori, n’est pas du tout familier avec ses styles de prédilection. Oui, les profanes, les pisse-froids et les habituels mauvais coucheurs se surprendront tous à remuer les épaules sur certains titres où lignes de basse et grooves endiablés agissent comme d'irrésisitbles fils conducteurs. Non sans un grand sens de l’expérimentation, voire du what the fuck, ce Prince des temps modernes propose des sons parfois complexes mais paradoxalement empreints d’une agréable légèreté.
Truck Violence (01.11 – 15h40 – Orangerie)
A priori, un groupe mélangeant le post-hardcore, l’avant-garde noisy et le bluegrass option banjo de la métropole de Montréal a un potentiel élevé de rêve mouillé chez les plus psychotiques d’entre vous.
Truck Violence est pourtant beaucoup plus accessible qu’il n’y paraît. Oui, c’est intense et bruyant. Mais les instants de répits n’en sont que plus somptueux et poétiques. C’est de la musique conçue pour te submerger en reconsidérant ta vie, tête posée contre la fenêtre de ton appartement lorsqu’il pleut des cordes.
Inutile de préciser que la messe est immanquable en live.
The Orchestra (For Now) (01.11 – 16h30 – Rotonde)
Depuis Ants From Up There, les raisons de trouver la musique de Black Country, New Road tout simplement chiante sont aussi nombreuses que les fautes d’accord dans la dictée de Gabriel, 11 ans. Et au Royaume-Uni c’est tout un pan de la scène alternative qui a compris qu’il y avait une jolie place à se faire au soleil. Partant de là vous avez deux options : faire comme Westside Cowboy et tourner avec eux pour mieux leur planter un couteau dans le dos le moment venu, ou vous tailler une solide réputation tout seuls comme des grands. C’est l’option retenue par The Orchestra (For Now), qui présentera au Bota un nouvel EP qui sera sorti la veille et qui renoue avec cette tension et cette émotion qui se sont faites la malle chez BC,NR.
Divide And Dissolve (01.11 – 17h10 – Orangerie)
Projet doom d'origine australienne, Divide And Dissolve manie aussi bien les guitares et percussions pachydermiques que les envolées mélancoliques au saxophone. Dans un registre qui n’est pas sans rappeler Primitive Man, Takiaya Reed utilise sa musique comme vecteur pour une cause noble : la défense des cultures indigènes et une lutte féroce contre ceux qui tenteraient de les faire disparaitre. Sorte de voyage entre deux mondes, Divide And Dissolve sonne tantôt gras et lourd, tantôt hypnotique. C’est avec déjà un cinquième album sous le bras, l’étonnant Insatiable sorti sur Bella Union, que la musicienne viendra fouler les planches du Bota histoire de donner la réplique à un certain groupe qu’on évoquait dans l’intro de ce papier.
TTSFU (01.11 – 18h05 – Rotonde)
C’est le bordel, on ne sait pas trop où on met les pieds, certaines choses ne semblent pas à leur place, d’autres manquent, sans doute. C’est le bordel, c’est un peu sale par terre, il y a de la poussière et des restes de pizza, et sans doute faudrait-il aérer un peu. C’est le bordel, mais tant mieux, dans cette chambre où TTSSFU, nom de code de la mancunienne Tasmin Nicole Stephens, compose et enregistre ses hymnes rock de poche sur GarageBand. C’est le bordel aussi sur ce disque, résultat d’une création amateur, foutraque, volontairement à rebours, à la fois limité (par le logiciel, amateur) et débridé (quitte à ce que ce soit, encore une fois vous l’aurez compris, le bordel). Jeune signature du label Partisan Records (The Black Angels, Cigarettes After Sex, IDLES), TTSSFU devrait sans mal faire parler d’elle dans les prochains mois, les prochaines années. Soyez là.