Is (Is Superpowered)

Kyoka

Raster Noton – 2014
par Simon, le 30 juillet 2014
8

Raster Noton a beau être légèrement rentré dans le rang ces dernières années, on reconnaîtra au label la classe avec laquelle il a marqué 2014 de son empreinte délicate. On pense bien sur à l’excellent dernier album de Kangding Ray, qui cristallise tout ce que la structure est parvenue à accomplir en allégeant quelque peu son rigoureux cahier de charges ces dernières années. Le troisième disque de Kyoka (le premier pour la structure allemande) ne connaitra probablement pas le même succès que le Solens Arc du Français, et pourtant c’est bel et bien une petite gemme à laquelle on a affaire. Pas de techno-dub/ambient taillé au scalpel. Non, Is (Is Superpowered) n’a rien du truc dans l’air du temps. Tellement hors-circuit qu’il est impossible de ne pas penser au Berlinette d’Ellen Allien, dès la première écoute. Une référence qui vaut ce qu’elle vaut (après tout, sauvons ce qui peut l’être de la discographie de la has-been allemande) mais qui est le point de départ pour comprendre à quoi on a affaire : une techno-pop brûlante, cutée à tous les étages, vocale et dynamique. De quoi bouger ton cul au bal de culs-de-jatte, entre electronica, dub, vocalises monochromes et inclinaisons indus. Is (Is Superpowered) est un disque qui marche sur une très grosse assise physique et qui se déploie sur des modèles simples. C’est d’ailleurs l’une de ses qualités premières: sa capacité à traiter les choses simplement, sans pour autant prendre son auditeur pour un cobaye d’élevage, prêt à bouffer quelques tentatives malheureuses de sortir du cadre. Un disque extrêmement japonais – rigoureux quoique freak, bonjour les clichés – qui mélange beaucoup de choses mais qui percute toujours vers l’avant, toujours vers une fin annoncée. Pas d’égosillements expérimentaux, Kyoka tape dans les formats courts (pop, par nature) et rabote le superflu pour aboutir sur un vrai beau produit fini. Grincements compris. Le genre de disques dans lequel tu peux investir sereinement tant on sent la longévité de la composition à travers toutes les lignes. Et dieu sait s’il est bon de se perdre dans des disques qui vont à l’essentiel.