Worship

A Place To Bury Strangers

Dead Oceans – 2012
par Duke, le 2 juillet 2012
8

Pop! Le mot était lâché et je n’arrivais plus à m’en défaire. A la première écoute, certes très distraite et dans de mauvaises conditions, j’avais trouvé l’album gentil, propre et … pop! J’écoutais ça au boulot, en sourdine. Et à aucun moment je n’ai ressenti cette bouffée d’adrénaline qui te picote l’intérieur de la tête. La musique d’Oliver Ackerman est faite pour repousser les limites et exacerber les sensations, c’est lui qui le dit et j’étais jusque là d’accord.  Après Exploding Head, le néant?

Pas vraiment en fait. Il est vrai que le groupe a entamé un processus croissant de mise en évidence des mélodies. Processus qui s’est précisé avec Onward To The Wall, EP paru il y a six mois à tout casser. Et certains de ses titres étaient beaux à en pleurer. La colère n’étant jamais qu’un état particulier d’une tristesse avancée, ceux qui connaissent la discographie du groupe la trouveront, comme moi jusque là, tellement cohérente et évidente. Et je ne comprenais pas pourquoi j’avais l’impression, soudainement d’écouter un Worship un peu blême, un peu mononucléosé et qui faisait tache dans cette linéaire perfection d'albums.

Alors, comme j’adore ce groupe, j’ai persisté. Et j’ai surtout pris un bon casque et poussé le volume. Et BIM, j'ai réalisé qu'A Place To Bury Strangers était devenu un groupe adulte. Fini le bruit pour noyer la voix dans le mix. Il est à présent dompté, sculpté pour développer une palette de sonorités analogiques immense. Aucun synthétiseur n’a été utilisé durant la fabrication de cet album, c’est la seule contrainte que le groupe s’est imposé. Pour le reste, il semblerait qu’une certaine euphorie ait bercé nos musiciens pendant leur phase créative, même si l’album a pris du temps pour être enregistré.

Du coup, qu’est-ce qu’il en ressort ? Des voix mélodieuses, je l’ai déjà dit, une intro façon ballade, des guitares parfois « sunny shiny » sur les bords, toujours de la densité et de l’agressivité, des morceaux de bravoure, paroxysmes de furie a demi contenue, un single aigre-doux et puis cette assaut de plaisir interne, d’allégresse bouillonnante, les nerfs chauffés à blanc, la poitrine gonflée d’oxygène pur, les muscles branchés sur secteur à la façon d’une résistance électrique… Ouais, y a pas à chier, c’est bien le nouveau APTBS!

Le goût des autres :
8 Laurent