Vision Valley

The Vines

Capitol – 2006
par Splinter, le 13 avril 2006
6

La première surprise de l’année, c’est bien celle-ci : The Vines ne sont pas morts! Puisque Craig Nicholls, leader de la formation, avait été diagnostiqué autiste en 2004, on pensait pourtant que Winning Days, sorti la même année, serait leur dernier album et qu’on n’entendrait plus jamais parler de ce groupe de jeunes Australiens énervés qui avaient raflé la mise en 2002 avec Highly Evolved, petite bombe très bien accueillie dans les milieux autorisés, présentée comme le fossoyeur des Strokes. L’avenir en aura décidé autrement. Avec un second album sympa mais pas transcendant, des concerts catastrophiques et la maladie de son chanteur, on ne donnait plus cher de la peau de The Vines, d’ailleurs supplanté par bon nombre de groupes boxant depuis quelques mois voire quelques années dans la même catégorie.

C’est presque en catimini que le groupe revient, avec ce maxi de 13 titres qui symbolise, comme ses prédécesseurs, la rencontre de Nirvana et des Beatles, et qui oscille donc entre rock bien nerveux ("Gross Out", "Dope Train"…) et balades gentiment mélodieuses ("Take Me Back", "Vision Valley"…), à nombre à peu près égal. Plus que jamais, The Vines sont doubles : côté pile, un chanteur hystérique qui hurle dans le micro et envoie tout le monde se faire foutre (cf. l’excellente "Fuck The World" sur Winning Days, un de mes hymnes préférés, et "F*k Yeh" ici) ; côté face, une voix apaisée, des chœurs, des violons et des mélodies sucrées. Le groupe n’a jamais voulu choisir, c’est ce qu’on lui a largement reproché, mais c’est aussi ce qui fait sa force. Et ce Vision Valley démontre que Nicholls et ses potes restent doués dans leur domaine, même si on ne trouvera pas vraiment de morceau aussi accrocheur que "TV Pro", "Ride" ou bien entendu "Get Free", leur méga tube à ce jour.

Attendez, revenons en arrière… J’ai parlé de maxi ? Depuis quand les maxis font 13 titres ? Il doit y avoir une erreur. Mais d’un autre côté, je ne peux pas croire que ce soit le véritable album, là. Au mieux, un teaser, un aperçu de ce que sera la galette définitive… Non ? On m’aurait menti ? Pourtant on dirait la bande annonce d’un film, qui présenterait les meilleurs moments de l’œuvre à venir. C’est quoi ce truc ? Bon, j’arrête les blagues, mais franchement, quoi qu’on dise de cet album, Vision Valley, c’est un immense foutage de gueule : 13 titres pour… 31 minutes, pas une de plus, des chansons de 2 minutes en moyenne (1 minute 18 pour "Gross Out" !) : un couplet, un refrain et c’est fini ! Des titres qui s’enchaînent sans temps mort : à peine un morceau est-il terminé qu’on est déjà dans le refrain du suivant ! Rarement on aura vu un groupe tout traiter à ce point par-dessus la jambe. Rock ou pas, autisme ou pas, à 18 euros le disque, ça fait mal. Donc verdict : très sympa, vivifiant comme les deux précédents albums, mais très très court, à un point tel qu’on frôle l’abus.