The Sylvia Funk Recordings 1972-75

Chet Ivey

Ace Records – 2017
par Nicolas F., le 14 mars 2017
7

Dans la grande famille des artistes talentueux mais injustement boudés par le succès, un petit nouveau vient de refaire surface par l’entremise du label ACE Records et sa filiale BGP déjà bien armé d'un très riche catalogue jazz, funk et soul (Mongo Santamaria, Art Blakey, Terry Callier, Funkadelic). En ranimant Chet Ivey via la compilation A Dose of Soul  - The Sylvia Funk Recordings 1972 – 75, BGP entend enfin prolonger le succès de ce brillant bandleader au-delà des frontières de son Maryland natal par trop étriqué.

Et c’est peu dire que même avec la meilleure volonté du monde, on n’en apprend guère sur Chet Ivey. Inutile de retourner Wikipedia, il n'existe aucune trace du bonhomme. Le peu que l’on sache sur lui, c’est qu’Ivey est un homme de 45 tours, il en a sorti une trentaine depuis la fin des fifties jusqu’à l’orée des eighties surfant allègrement sur tout ce qui faisait la bande-son de cette période - entre soul et disco en passant évidemment par le funk. On lui connaît aussi une carrière de DJ sur des radios locales qui ne devaient sans doute pas émettre beaucoup plus loin que Baltimore. Bref, un mystère et un candidat parfait pour succéder à Lee Fields, Charles Bradley ou la regrettée Sharon Jones dans le rôle du magnifique ressuscité.

Le disque se concentre sur la première moitié des seventies quand Ivey livrait bombe sur bombe au label Sylvia du saxophoniste jazz Al Sears sous le pseudonyme catchy de Chet « Poison » Ivey and his Fabulous Avengers. A l’écoute de cette compilation, on est vite convaincu que James Brown et ses JB’s n’étaient alors pas seuls au monde et ce dès l’introductif "Funky Chit Chat" au titre plus qu’évocateur. Sur les tracks "Movin’, So Fine" ou "Party People", la filiation est évidente avec le Godfather of Soul bien qu’Ivey ne doive en aucun cas être résumé à une pâle copie du maître car il possède lui aussi son propre sens du groove. Ivey le prouve d’ailleurs avec l’impeccable instrumental "Don’t ever change" (quel sax !) ou les frénétiques "Bad on Bad" ou "Get Down with the Geater" où dialoguent guitares wah-wah et breaks débridés.

Tout au long de ce Dose of Soul, l’auditeur se délasse dans un funk classique au sens noble du terme, ultra-efficace, taillé pour le dancefloor et marqué du sceau Blaxploitation. Gageons que cette anthologie de Chet Ivey lui offrira enfin le respect  et la renommée que sa musique impose.